samedi 17 avril 2010

L'auto-suffisance de Dieu


Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu
. (Jean 1 : 1)



Introduction

Ces lettres sont dignes d'être écrites en or !

"On dit que la meilleur façon d'étudier l'humanité c'est d'étudier l'homme. Je ne m'oppose pas à cette idée, mais je crois qu'il est aussi vrai de dire que la meilleur façon d'étudier les élus de Dieu, c'est d'étudier Dieu lui-même. L'objet d'étude d'un chrétien doit être son Dieu.
La science la plus élevée, la philosophie la plus impressionnante qui peuvent s'emparer de l'attention de l'enfant de Dieu est le nom, la nature, la personne, l'oeuvre, et l'existence de ce grand Dieu, qu'il appelle son Père.
Il y a quelque chose d'extrêmement bénéfique pour l'esprit dans la contemplation de la divinité. C'est un sujet si vaste que toutes nos pensées sont perdues dans son immensité, si profond que notre orgueil est noyé dans son infinitude. D'autres sujets sont à notre portée, nous y trouvons une sorte d'autosatisfaction, nous avons le sentiment d'être instruits. Mais lorsque nous abordons cette science-maîtresse, nous trouvons que notre pensée avisée n'arrive pas à sonder sa profondeur, et que notre oeil perspicace ne perçoit pas ses hauteurs et nous avons le sentiment que l'homme (qui se veut intelligent) connaît en réalité si peu de chose.
Mais bien que le sujet rende humble, il élève aussi l'âme et pousse les frontières de la pensée. La personne qui réfléchit, étudie, médite sur Dieu aura un esprit plus grand que celle qui se limite aux choses de ce monde parce que le sujet qui exalte l'âme par excellence est l'étude de Christ et la connaissance de Dieu dans sa Sainte Trinité.
Et ce sujet est aussi une source de consolation. Il y a dans la contemplation de Christ une pommade pour chaque blessure, dans l'étude du Père il y a un havre de paix pour chaque chagrin et dans la méditation du Saint-Esprit il y a un pansement pour chaque cicatrice. Veux-tu perdre ton chagrin ? Veux-tu noyer tes soucis ? Alors va, plonge-toi dans l'océan profond de la Trinité, perd-toi dans son immensité et tu en sortiras comme d'un sommeil paisible, reposé, revigoré
". (C. H. Spurgeon, pasteur baptiste, tiré d'une prédication donnée alors qu'il avait 19 ans)


Alors étudions notre Dieu et en particulier, dans ce message, son auto-suffisance.
Lorsque on dit de quelqu'un "il est suffisant" nous utilisons l'adjectif avec un sens négatif, voire péjoratif. On veut dire qu'il est arrogant ou prétentieux. Lorsque on parle de l'auto-suffisance de Dieu nous voulons dire que tout ce dont il a besoin il le trouve en lui-même et il n'a besoin de rien qui ne se trouve pas en lui. C'est une doctrine étonnante. Son auto-suffisance concerne sa vie (son existence), et la qualité de sa vie (sa joie). Ce sont mes 2 points.

1. Dieu est auto-suffisant dans son existence. Au commencement était la Parole.
C'est le commencement de quoi ? C'est le commencement de tout, sauf Dieu (du temps, de l'espace, et des êtres). Ce verset fait écho au premier verset de la bible : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. On peut faire une première remarque sur l'idée du commencement. Jusqu'à Einstein la science enseignait qu'il n'y avait pas de commencement, que le temps était éternel ou infini. La bible seule parlait d'un commencement de toutes choses. Mais logiquement, s'il a fallu un temps infini pour arriver à maintenant, maintenant ne serait jamais atteint. Si je place un domino à un point X, et un nombre infini de dominos doivent tomber avant d'atteindre domino X, domino X ne tombera jamais. Non! Le temps n'est pas infini. Il y a bien eu un commencement. Ce récit commence au commencement. Et quand l'histoire de l'univers commence, la Parole est déjà là.

A. Il est essentiel que Dieu soit éternel. S'il n'existait pas en dehors du temps, il ne serait pas Dieu. Réfléchissons sur le temps. Le temps et l'infini sont deux choses complètement différentes. Nous sommes temporels, nous vivons dans un monde temporel. Dieu est éternel, il existe dans l'éternité.
Le temps dans sa plus simple expression est l'action de pensée. Ce que je pense en ce moment, je ne pensais pas avant. Mes pensées et mes idées se succèdent dans le temps. Si j'ai une idée maintenant, c'est que je ne l'avais pas avant. Il y a eu une époque où je ne connaissais pas cette idée. Maintenant je la connais. Dieu n'a pas une succession de pensées, il n'y a pas une époque où il n'avait pas encore pensé quelque chose parce qu'il est omniscient. Il sait toutes choses. Il sait toutes choses tout le temps. Il sait toutes choses tout le temps et depuis l'éternité, parce qu'il est en dehors du temps. La somme infinie des pensées de Dieu sont continuellement connues de lui. S'il est omniscient donc, il doit être éternel.
Le temps c'est aussi le changement. Nous savons que le temps passe parce que les choses changent. D'ailleurs on dit : on a l'impression que le temps s'est arrêté, pour signifier un manque de changement. Mais Dieu ne change pas. Jacques dit que chez Dieu : il n'y a ni changement, ni ombre de variation (Jacques 1:17). Il est immuable, parce qu'il existe en dehors du temps. Il ne change pas parce que le temps n'a aucune prise sur lui. L'éternité et l'immutabilité de Dieu sont liées. Pour Dieu le temps est un maintenant éternel. Toutes choses sont présentes de façon égale et constante pour lui. D'ailleurs son nom est Je suis.
Son omniscience, son immutabilité & son éternité sont donc tous liés. S'il est immuable, il doit être éternel. S'il est éternel, il ne peut être qu'immuable & omniscient.

B. Dieu n'a besoin de rien, ni de personne pour exister. S'il avait besoin de quelqu'un ou de quelque chose pour exister, il ne serait pas Dieu. On parle en théologie de l'asiété de Dieu; ce qui signifie que sa vie se trouve en lui-même. Il tire de son propre être une énergie inépuisable. Un feu doit être alimenté ou il s'éteint. Mais Dieu est comme le buisson ardent qui brûle sans consumer les feuilles. Il n'a pas besoin d'être alimenté. Son énergie se trouve en lui-même. Ainsi, Dieu trouve la source de sa vie en lui-même. Il a une nécessité infinie de vie et une source infinie d'énergie vitale. Son existence alimente son être et son être alimente son existence. Autrement dit, Dieu n'a pas en lui le fait de cesser d'exister, tout comme nous n'avons pas en nous la capacité de vivre pour toujours. Nous vieillissons et nous mourons parce que c'est notre nature de le faire. Dieu continue nécessairement inchangé parce que c'est sa nature éternelle de le faire.
Souvent lorsqu'on parle de Dieu à des amis ou des collègues ils finissent par poser la question : qui a créé Dieu ? Poser cette question c'est ne pas comprendre (ou ne pas vouloir comprendre) la nature de Dieu. Imaginons qu'un homme arrive en France en provenance d'un pays reculé. Il voit un automobile et il demande comment il fonction ? Qui le pousse pour qu'il avance ? Nous lui expliquons que c'est un automobile, on met de l'essence, il se produit une combustion interne qui fait tourner des pistons, qui font tourner les roues. Il insiste et redemande : oui, mais qui le pousse ou qui le tracte pour qu'il avance ? Nous répétons que personne ne le pousse c'est justement un auto-mobile. Il avance de lui-même. Dieu est auto-suffisant, il n'a besoin de rien, ni de personne pour exister. Il est auto-suffisant dans son existence. Pour les 2 questions (qui pousse l'automobile pour qu'il avance et qui a créé Dieu) la réponse est "personne". Il soutient tout, mais est lui-même indépendant de tout. Il donne tout à tous, mais est enrichi par aucun.
Dieu est auto-suffisant dans son existence. Au commencement était la Parole.

2. Dieu est auto-suffisant dans la qualité de son existence.
Non seulement Dieu trouve en lui tout ce dont il a besoin pour exister, mais il trouve en lui tout ce dont il a besoin pour être éternellement & parfaitement satisfait de son existence. On ne pense pas toujours à la joie de Dieu, mais Dieu est plein de joie : il y a plénitude de joie en ta présence et bonheur éternel auprès de toi (Psaume 16:1). Notre joie, notre bonheur, notre paix viennent de Dieu, il en possède une quantité infinie.

A. Nous n'apportons rien à la joie de Dieu. J'ai connu une mère qui a perdu son fils. Elle était bouleversée par le chagrin et elle a demandé à un prêtre pourquoi son fils était mort si jeune. Le prêtre, pensant la consoler, a répondu que Dieu "avait besoin de lui". Ceci est bien sûr totalement faux ! C'est vraiment méconnaître Dieu de répondre ainsi et cela peut causer des dégâts dans notre vie et dans la vie des autres en donnant l'impression que Dieu est égoïste, qu'il met son propre plaisir avant les autres, comme s'il avait besoin de la présence de ce garçon pour être heureux.
Mais nous, qu'aurions-nous répondu ? Comment se situer par rapport à cet enseignement ? Peut-être ne donnerions-nous pas cette réponse, mais ne pensons-nous pas apporter quelque chose d'essentiel à Dieu ? Avons-nous la conviction intime que notre présence comble un manque chez lui, aussi petit qu'il soit ? Qu'il est plus heureux maintenant parce que nous sommes là, que lorsqu'il était seul ? Rien qu'un peu ?
Mais que dit notre verset ? Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu. Depuis l'éternité Dieu existe en tant que Père, Fils et Saint Esprit. Un seul et unique Dieu, manifesté en trois personnes. La Sainte Trinité. Au commencement Dieu était seul. Il n'y avait pas de ciel pour qu'il y manifeste sa gloire, pas de terre pour qu'il exécute son oeuvre, pas d'anges pour le louer, pas d'univers pour être soutenu par sa parole puissante. Il n'y avait rien, personne, que Dieu seul. Et cette situation est restée inchangée non pas pour un jour, ni un siècle, ni 100 milliard d'années lumières, mais depuis toujours, depuis l'éternité, depuis l'infini. Il était seul, n'ayant besoin de rien, ni de personne. Si ces choses lui avaient été nécessaires, ils auraient été créés depuis toute éternité. Mais non, il n'était sous aucune obligation de créer. Il aurait pu très bien ne jamais le faire. Le fait qu'il lui a semblé bon de nous créer est un acte de sa volonté souveraine, provoquée par rien à l'extérieur de son être, décidé par lui selon le bon plaisir de sa volonté (Eph. 1 : 5).
Non seulement il n'avait pas besoin de nous créer, mais, une fois créé, la création n'a rien ajouté à sa personne, ni à sa joie. Il ne change pas et par conséquent sa joie ne peut être ni augmentée, ni diminuée. C'est n'est donc pas lui qui a le bonheur d'être loué par nous, mais nous qui avons le privilège et le bonheur de le louer.
Et non seulement notre présence n'ajoute rien à sa joie, mais même notre louange ne lui apporte rien d'essentiel. Bien sûr que Dieu prend plaisir à notre louange, mais notre louange n'ajoute rien à sa joie, ne le rend pas plus heureux. Levez-vous bénissez l'Eternel, votre Dieu, d'éternité en éternité ! Que l'on bénisses ton nom glorieux, qui est au-dessus de toute bénédiction et de toute louange ! (Néhémie 9:5). Ce verset nous exhorte à le louer parce qu'il en est digne, tout en affirmant qu'il n'obtient rien de notre louange, car il est au-dessus de toute bénédiction et de toute louange ! Il n'a aucun besoin de la louange de son peuple, car il est suffisamment glorieux en lui-même sans cela. Il est le Dieu Tout-Puissant, et comme Jésus le dit, si nous arrêtons de chanter ses louanges, alors les pierres crieront (Luc 19:40). Sa gloire resplendit depuis toute éternité, que nous le reconnaissions ou pas. Sa gloire est parfaite et infinie, mes louanges sont normales, mais n'y ajoute rien à sa gloire. Sa joie est parfaite et infinie depuis tout éternité, mon attitude envers lui ne peut rien ajouter à sa joie. Que cela soit donc par notre existence ou par notre louange, nous n'ajoutons rien à la joie infinie de Dieu. Il n'a pas besoin de nous pour être infiniment heureux.

B. Sa joie est dans sa personne, il se réjouit de lui-même. Comment est-ce possible ? Cette idée va à l'encontre de nos valeurs. Comment Dieu peut-il s'aimer, se réjouir de lui-même, sans être qualifié d'égocentrique, de narcissique ? Comment cela peut-il être un défaut chez nous (de se réjouir de soi, d'être imbu de sa personne) et une qualité chez Dieu ?
Nous voyons la réponse dans notre passage dans Jean. Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu. La Parole est Jésus. Le Père aime le Fils depuis toute l'éternité. Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection (Mathieu 17:5). Le Père aime le Fils depuis toute éternité avec une affection infinie. Depuis toujours Dieu le Père et Dieu le Fils sont en communion l'un avec l'autre dans un amour parfait et une joie parfaite. Dieu donc trouve tout ce qu'il faut en lui pour aimer sans mesure. Il n'avait besoin d'aucune création. C'est Dieu le Fils, lui-même, l'objet de son amour. Comment oser penser que nous pouvons surpasser cela ? C'est Jésus l'objet de l'affection infinie et de la joie infinie du Père, qu'est-ce que moi, je peux apporter en plus au Père ? C'est pour cette raison que Dieu connaît une joie infinie et c'est pour cela que je ne peux rien ajouter à cette joie par mon existence et mes louanges - parce qu'il se réjouit de son Fils bien-aimé. Sa joie est à la mesure de la source de sa joie, c'est-à-dire infinie. Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu. Dieu le Père a toujours eu ce qu'il lui faut pour être éternellement & parfaitement satisfait de son existence, à savoir la présence de la Parole.
Il est auto-suffisant dans la qualité de son existence, auto-suffisant en amour, en joie, en communion, en paix. C'est sa gloire. Ceci est possible parce que Dieu est trinité. Je parlais avec un musulman un jour qui a dit que j'étais un polythéiste. (Les musulmans ne comprennent pas la trinité, car Mahomet ne l'a jamais comprise). Mais je lui ai posé cette question : si Dieu n'est pas trinité, il n'est pas amour. Car qui était l'objet de son amour avant la création ? Il aimait qui avant nous ? Pour Allah la création était indispensable, car elle lui donnait un objet à aimer, avant (c'est-à-dire depuis toujours) il n'en avait pas. Soit Dieu est amour et trinité, soit Dieu est solitaire, mais pas amour. Mais nous savons que le Père aimait le Fils, et le Fils aimait le Père. Nous n'avons pas un dieu seul, solitaire et égocentrique, mais une trinité aimante et joyeuse.


Conclusion

Dieu est donc auto-suffisant. Il est auto-suffisant dans son existence. Dieu n'a besoin de rien, ni de personne pour exister.
Dieu est auto-suffisant dans la qualité de son existence, nous n'apportons rien à la joie de Dieu parce qu'il se réjouit de lui-même et puisque la source de cette joie (son Fils) est infinie et inchangée, sa joie aussi est infinie et inchangée, indépendamment de nous.

Mais, si ceci est vrai quel espoir y-a-t-il pour moi, un homme pécheur ? Si c'est vrai que Dieu est auto-suffisant, il n'a donc pas besoin de moi. Si c'est vrai qu'il se réjouit de son Fils, qui suis-je pour lui ? Comment peut-il m'aimer ? S'il se réjouit de la perfection depuis toute éternité, comment peut-il se contenter de moi ?!
C'est justement cette vérité qu'est notre assurance, notre garantie. Si nous aimons le Fils, le Père nous aime. Si nous sommes en Jésus, nous devenons l'objet de l'amour infini du Père. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce Dieu, qui a réservé son affection infinie depuis toute éternité pour son Fils, ouvre ses bras depuis 6000 ans à des hommes et des femmes qui aiment le Fils. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Dieu le Père peut maintenant se réjouir de nous, pécheurs, si nous sommes en Christ. Ce qui était réservé exclusivement depuis toujours à la trinité, devient accessible à nous !
Certes, Il n'a besoin de nous en rien, mais nous avons besoin de lui pour tout. C'est incontestable que nous ne pouvons rien lui apporter, mais lui peut nous donner tout.

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