dimanche 15 décembre 2013

La Bible est Chrétienne


Genèse 15



Je termine aujourd’hui ma série sur la bible. J’ai expliqué pourquoi je crois la bible. J’ai dit que la bible est la Parole de Dieu. J’ai dit que la bible seule est la vérité. J’ai dit que la bible est suffisante (Sola Scriptura). J’ai dit que la bible est d’une nécessité absolue et la dernière fois, j’ai dit que la bible est claire et compréhensible pour nous. Dans ce dernier message, j’ai donné des conseils pour interpréter la bible et mon dernier conseil était de chercher Jésus. Donc, ce conseil devient le sujet de mon message aujourd’hui. Mon message s’appelle : La bible est chrétienne.

Vous me direz que ce n’est pas un titre très original. Tout le monde sait que la bible est chrétienne. C’est sûr que tout le monde sait que le Nouveau Testament est chrétien, le Christ est partout dans le Nouveau Testament. Mais l’Ancien Testament est-il chrétien ou judaïque ? Voit-on Jésus partout dans l’Ancien Testament ? L’Ancien Testament parle de Jésus ou de Jéhovah ? De Moïse ou du Messie ?

Je précise donc ma question : L’Ancien Testament est-il chrétien ? Parce que si l’Ancien Testament n’est pas chrétien, la bible n’est pas chrétienne. L’Ancien Testament est-il chrétien ? Voit-on Jésus partout dans l’Ancien Testament ? Jésus dit que l’Ancien Testament parle de lui. L’Ancien Testament est donc chrétien. Sur le chemin d’Emmaüs commençant par Moïse et par tous les prophètes, [Jésus] leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait (Luc 24:27). Donc, les livres de Moïse et les prophètes parlent de Jésus. Mais les livres de Moïse, c’est la création du monde, le déluge, la tour de Babel, Sodome et Gomorrhe, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, la sortie d’Égypte, la conquête de la Terre Promise. Ce sont des livres d’histoire du peuple Juif, mais Jésus dit que ces histoires parlent de lui. Comment est-ce possible ? Je vais essayer de le montrer dans ce message.

Premièrement, je vais montrer que l'Ancien Testament n’est pas un livre moral.
Deuxièmement, je vais montrer que Jésus est au centre de l’Ancien Testament.
Troisièmement, je vais montrer que Jésus est dans le détail de l’Ancien Testament.



1. L’Ancien Testament n’est pas un livre moral

Vous connaissez les fables de la Fontaine. Ce sont des fables morales. Chaque histoire transmet une leçon morale pour nous. Il y a des exemples à suivre et d’autres à ne pas suivre. Souvent nous lisons la bible (et surtout les histoires de l’Ancien Testament) comme on lit une fable morale. Nous voyons les histoires (de Noé, d’Abraham, de Jonas) comme autant d’histoires qui nous donnent des exemples à suivre ou à ne pas suivre. Mais, si l’Ancien Testament est un livre sur Jésus, il ne peut pas être un livre moral. Je crois que si nous comprenons les histoires de la bible comme des exemples à suivre et d’autres à ne pas suivre, nous ratons l’essentiel de la bible. C’était mon dernier point dans mon message précédent. Si nous lisons la bible en ratant l’essentiel, nous ne l’avons pas interprétée correctement. L’Ancien Testament n’est pas une série d’histoires morales. L’Ancien Testament n’a pas été écrit pour que nous tournions nos regards sur nous-mêmes, mais pour que nous tournions nos regards sur Jésus. L’histoire de Noé, d’Abraham, de Jonas ne sont pas des histoires morales pour nous. Ce sont des histoires sur Jésus. Donc, je dis (avec John Piper) que si vous entendez un message qui vient de l’Ancien Testament avec lequel un Juif serait d’accord, ce n’est pas un message chrétien.

Mais où est le problème avec le fait de tirer une leçon morale de l’Ancien Testament ? Le problème est que Jésus dit que ces histoires parlent de lui, pas de nous. Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: ce sont elles qui rendent témoignage de moi (Jean 5:39). Si nous n’interprétons pas ces passages comme des histoires sur Jésus, nous interprétons mal la bible. Ensuite, une histoire morale, n’est pas une histoire chrétienne. Le moralisme n’est pas le christianisme. Les fables de la Fontaine ne sont pas l’évangile. Le moralisme (ou le légalisme) dit que si vous avez un comportement moral, Dieu sera content de vous. Mais, ceci est faux.

Pourquoi ? (i) Parce que le moraliste ne voit pas son besoin d’un Sauveur. Les pharisiens (d’excellents moralistes) croyaient faire plaisir à Dieu en respectant les lois de l’Ancien Testament, mais Jésus dit que leur moralisme les a complètement aveuglés sur le message de l’Ancien Testament. Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: ce sont elles qui rendent témoignage de moi (Jean 5:39). Le moralisme est un poison, parce que le moraliste ne voit pas son besoin d’un Sauveur. Il se croit juste. Mais la bible est là pour nous montrer qu’un seul est juste. Loin de prêcher le moralisme, l’Ancien Testament a été donné pour nous montrer notre incapacité à observer la loi, notre incapacité à être moral et donc notre besoin d’un Sauveur. C’est justement l'opposé du moralisme. L’Ancien Testament n’a pas été donné pour former de petits pharisiens, mais pour nous pousser vers Jésus. C’est le contraire du moralisme, c’est le christianisme.

(ii) Parce que le moraliste croit que Dieu lui est redevable. Il pense avoir respecté ses engagements plus au moins comme il faut, maintenant il attend sa récompense. Il a fait ce qu’il fallait et Dieu doit maintenant le récompenser pour sa bonne conduite. Et si jamais il ne reçoit pas ce qu’il pense mériter, il se sent trompé par Dieu. Vous connaissez le discours : "je ne méritais pas ça, après tout ce que j’ai fait". C’est le discours du moraliste. C’est une attitude légaliste, pas une attitude chrétienne.

Je pense que nous devons faire très attention à ne pas transmettre un message moral à nos enfants dans l’école du dimanche. C’est une vraie tentation. Souvent on enseigne aux enfants que puisque Jésus a obéi à ses parents, les enfants aussi doivent obéir à leurs parents etc. En faisant cela nous créons un légaliste.

Mais n’est-ce pas bien de dire à un enfant d’obéir à ses parents ? Non, si notre message se résume à "il faut obéir à ses parents et Dieu sera content de toi" sans parler du péché et d’un Sauveur, alors nous avons créé un petit légaliste qui essaie de faire le bien et qui n’a pas besoin de Jésus. Ce n’est pas un message chrétien. Ce n’est pas ça l’évangile. Le message chrétien dit : tu ne peux pas faire le bien. Tu ne peux pas respecter les règles. C’est impossible parce que tu es fondamentalement mauvais. Mais Jésus l’a fait pour toi.

Paul Tripp (un pasteur américain) raconte que sa fille de 10 ans avait fait une bêtise et qu’il l’avait disputée. Le soir quand il la mettait au lit et ils priaient ensemble, elle a commencé à pleurer. Elle a dit : "papa, c’est trop dur d’être chrétien. Je n’arrive pas". Il a dit que c’était le plus beau moment de sa vie, car c’est à ce moment-là qu’il a pu lui expliquer l’évangile. "Mon enfant, personne ne peut le faire. C’est trop dur pour nous tous. Voilà pourquoi Jésus l’a fait pour nous". Le message du christianisme (donc l’évangile) n’est pas "Dieu veux que tu t’améliore". Le message du christianisme est : tu ne peux rien faire de bien, mais Jésus l’a fait pour toi, crois en lui.

La bible n’est pas un livre de leçons morales. L’Ancien Testament n’est pas un livre d’aide personnelle. Elle n’est pas là pour nous aider à vivre notre meilleure vie maintenant (à la Joel Osteen). Elle n’est pas là pour nous aider à réussir notre mariage, ou nos affaires. Elle n’est pas là pour nous aider à nous améliorer. Elle est là pour nous amener à Jésus.


2. C'est son histoire.

Je vous ai montré que l’AncienTestament n’est pas un livre moral. Maintenant je vais vous montrer que c’est un livre chrétien. Un livre sur Jésus. Commençant par Moïse et par tous les prophètes, [Jésus] leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait (Luc 24:27). C'est dommage qu'on n'ait pas le podcast de cette prédication-là ! Une prédication parfaite, donnée par Jésus, sur Jésus, à partir de l’Ancien Testament ! Génial ! Mais, vous n’avez que moi ! Voici ce que je pense que Jésus aurait pu leur dire dans son message. Commençons donc avec Moïse. Commençons par le début.

Dans le 1er chapitre de la Genèse, Dieu crée le monde en 6 jours et Dieu dit que tout ce qu'il a créé est bon. Puisque dans Genèse 1 Dieu dit que sa création est très bonne, quelque part après chapitre 1 et avant chapitre 3, le diable a dû se rebeller contre Dieu. Donc, jugé et banni déjà du paradis, il apparaît sous la forme d’un serpent dans le jardin d’Éden pour se venger. Il est là pour détruire l’œuvre de Dieu. Pour faire désobéir Adam et Ève.

Vous connaissez l’histoire. Adam et Ève écoutent le diable. Ils croient le diable. Ils font confiance aux paroles du diable, plutôt qu’aux paroles de Dieu et ils mangent le fruit et donc pêchent pour la première fois. C’est ce que nous appelons la chute de l’homme. Et ils entraînent dans leur chute toute l’humanité, jusqu'à la mort.

Le diable, a-t-il alors réussi à se venger de Dieu ? Dieu, a-t-il perdu le contrôle de la situation ? Non, pas du tout, car ensuite nous voyons les jugements de Dieu qui tombent. Le diable est jugé une deuxième fois. Il a été jugé au ciel et il est jugé et maudit ici sur la terre. La femme reçoit le jugement des douleurs de l’accouchement (V16). L’homme reçoit le jugement d’une vie pénible (V17). Mais, pour ce message, c’est surtout le jugement sur le diable qui m’intéresse. L’Éternel Dieu dit au serpent: Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Tout d’abord Dieu juge l’animal, le serpent. Mais pourquoi juger l’animal ? Satan est entré dans le serpent, certes, mais l’animal n’y était pour rien, car un animal n’a pas de conscience. Le serpent a été jugé pour montrer à Adam et Ève que Dieu vaincra le diable. Aujourd’hui, quand on voit un serpent ramper sur le ventre, la tête dans la poussière, c’est un rappel pour tous que Dieu a jugé Satan.

Ensuite, Dieu juge Satan qui a utilisé l’animal. Il dit au diable, Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon (V14). Et c’est cette malédiction que Dieu prononce sur Satan qui m’intéresse. Pourquoi ? Parce que je crois que c’est ici que nous avons notre première aperçue de Jésus dans l’Ancien Testament. La postérité de la femme t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. La postérité (ou la descendance) de la femme écrasera la tête de Satan. Dieu ne dit pas la postérité de l’homme et de la femme, mais uniquement de la femme. Cette promesse concerne donc uniquement la postérité d’Ève et la postérité écrasera la tête de Satan. Quand on écrase la tête de quelqu’un, on le tue. On imagine une grosse botte de cow-boy sur la tête du serpent. Donc, la postérité de la femme tuera Satan. Et tu lui blesseras le talon. Et Satan blessera le talon de la postérité d’Ève. Blesser le talon de quelqu’un c’est lui faire mal, certes, mais ce n’est pas le tuer. Donc, La postérité de la femme, mais non pas de l’homme, tuera Satan et sera blessé par Satan.

Mais qui cela pourrait-il bien être ? Je crois que ce passage parle de Jésus. Jésus est né d’une femme, mais non pas d’un homme, car son Père c’est Dieu. Jésus a vaincu Satan sur la croix. Il l’a tué, car il a renversé à jamais son pouvoir sur les hommes et l’a condamné à l’enfer. Mais en vainquant Satan, Jésus est mort, puis ressuscité des morts. Sa mort n’était donc pas définitive, mais temporaire, donc comme une blessure dont il a guéri. Ce verset parle de Jésus !

Les premiers chrétiens ont appelé ce verset le proto-evangelion. Un évangile prototype. Le tout premier message de l’évangile. Et voici ce qui est merveilleux ici. Dans la malédiction, Dieu donne l’espoir de la délivrance du péché et de Satan. Dieu n’attend pas des années ou des jours ou même des heures après avoir prononcé ses jugements avant d’annoncer à Adam et Eve la bonne nouvelle. Ici même, au milieu de la malédiction, nous avons la promesse d’un Sauveur. Car Dieu est par nature un Sauveur et un Rédempteur.

Celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon est la première expression de l’évangile et une première aperçue du Messie dans la bible. Ce n’est pas grande chose. C’est tout ce que les premiers êtres humains avaient comme promesse, mais c’était assez pour comprendre que quelqu’un allait venir pour les libérer de l’emprise de Satan. C’était assez pour chercher cette personne (le Messie) dans la postérité d’Ève et c’était assez pour espérer sa venue au plus vite.

Vous dîtes peut-être que je lis trop de choses dans ce petit verset ? Mais ce n’est pas la seule indication que nous avons de l’évangile ici. Une autre indication est quand Dieu a remplacé les feuilles de figues d'Adam et Eve par des peaux de bêtes. Il voulait leur montrer que pour couvrir leur honte, il fallait une mort. Et c’est aussi pour montrer l’évangile que le sacrifice d’Abel, d’un agneau, été approuvé et celui de Caïn (des fruits) rejeté.

Non, l’évangile, et donc Jésus, sont bien présents dans ce passage et dans ce verset. Voilà la situation suite à cette promesse. On cherche le Messie. Toute l’histoire de l’Ancien Testament est donc l’attente et le désir d’identifier celui qui doit venir. Vous imaginez donc l’anticipation d’Adam et Ève à la naissance de Caïn ? "Ça doit être Caïn qui va nous libérer. Il est ma postérité". Mais, Caïn loin de libérer sa famille, a tué son propre frère. La postérité promise, ce n’est pas Caïn. L’attente continue.

Ensuite, ils voient Noé. Noé sauve les hommes avec son arche. C’est peut-être lui. Mais non, ce n’est pas Noé. Noé s’enivre avec du vin et se livre en spectacle. Alors qui ? Isaac ! Le fils de la promesse. La postérité promise à Abraham. L’enfant miracle. En plus, Abraham doit le tuer, mais Dieu le sauve et le remplace par un bélier. Dieu le sauve parce que c’est lui le Messie, non ? Non, Dieu sauve Isaac pour montrer Jésus ici. Dieu voulait montrer que lui, le Père aimant, n’allait pas épargner son Fils unique, mais qu’il allait bien le sacrifier. Aussi, Dieu voulait encrer dans le cœur d’Israël l’idée de la substitution pénale; qu’il pouvait remplacer un coupable par un innocent. Non, Isaac meurt sans libérer son peuple. Ce n’est pas Isaac.

Ensuite, ils voient Moïse. Moïse est différent. Moïse libère vraiment son peuple de l’esclavage. En plus, il parle à Dieu face à face. Ça doit être Moïse, le Messie. Mais non, Moïse n’aura même pas le droit d’entrer dans la terre promise, car il a désobéi à Dieu.
Ils observent le roi David (un homme d’après le cœur de Dieu) et ils espèrent, puis ils voient son péché avec Bath Schéba. Le roi David est un meurtrier. Ce n’est pas David. Ensuite, ils regardent le roi Salomon, le seul qui a le droit de construire le temple à Jérusalem. C’est un signe. L’homme le plus sage de la terre. On vient de partout pour admirer sa richesse et écouter sa sagesse. C’est un signe ! C’est l’âge d’or de l’histoire d’Israël. Un royaume uni, en paix et prospère. Ce doit être Salomon ! Salomon serait parfait en Messie. Il a tout ce qu’il faut. Mais, non ce n’est pas lui, car il adore de faux dieux sous l’influence de ses concubines. Non, le peuple de Dieu regarde et observe de près, mais il le fait en vain, car aucun de ces descendants d'Eve n’est le Sauveur promis à Adam et Ève. Personne n’est à la hauteur.

Mais tous ont comme rôle à jouer de montrer Jésus. Puisqu’ils échouent tous, ils ont comme fonction de prolonger l’attente et de pousser les regards du peuple de Dieu vers l’avenir. Derrière leur échec est l’ombre de Jésus. Certes, ils ont tous échoué, mais ne vous inquiétez pas un jour viendra celui qui n’échouera pas. En lisant ces histoires de ces hommes, on doit chercher quelqu’un de plus excellent. Donc, plutôt que de lire ces histoires comme des fables morales, si vous les lisez comme un jeu de Qui est-ce ? vous serez plus près de la vérité. Les prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce qui vous était réservée, ont fait de ce salut l'objet de leurs recherches et de leurs investigations, voulant sonder l'époque et les circonstances marquées par l'Esprit de Christ qui était en eux (1 Pierre 1:10).

Comment ne pas parler de Noël ici ? C’est le temps de l’année où nous allons fêter l’arrivée enfin du Messie. Mais je crois que c’est avec les paroles de Philippe que la boucle est bouclée. Philippe rencontra Nathanaël, et lui dit: Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé, Jésus de Nazareth (Jean 1:45)

Jésus est le fil conducteur de l’Ancien Testament. Tout tourne autour de lui. C’est son histoire.


3. Ce sont ses histoires.

Je vous ai montré que Jésus est le sujet qui transcende l’Ancien Testament. Maintenant je vais vous montrer qu’il est dans le détail de l’Ancien Testament. Il est non seulement le fil conducteur de l’Ancien Testament, mais il est aussi les annotations en bas de page. Il est dans la Grande Histoire et il est dans les petites histoires individuelles. En effet, si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, puisqu'il a écrit à mon sujet (Jean 5:46) J’aurais pu prendre une dizaine d’exemples, mais je me limite à l’exemple d’Abraham. Pourquoi ? Parce que c’est une histoire où Jésus n’est pas immédiatement apparente. D’ailleurs, l'avez-vous apperçu quand nous avons lu le passage ?

Dieu fait alliance avec Abraham. C’est un accord solennel et légalement contraignant. Or, dans une alliance militaire à l’époque un puissant faisait alliance avec un moins puissant pour s’assurer de sa fidélité. On appelle ça une suzeraineté. Un grand roi (le souzerain) fait un traité avec un roi moins puissant (le vassal). Le souzerain accorde sa protection au vassal et le vassal donne son allégeance au souzerain. Les deux parties s’engagent dans l’alliance. La rupture de l’alliance entraîne des punitions, souvent la guerre.

Ce qu’il faut savoir c’est que lorsque les peuples de l’époque biblique faisaient une alliance ensemble, ils ne signaient pas un papier, comme nous le faisons. La culture d’Abraham n’était pas une culture d’écriture comme le nôtre. Nous écrivons un contrat et signons pour nous engager à le respecter. Mais dans les temps d’Abraham ils ne faisaient pas comme nous. Ils proclamaient les conditions de l'alliance. Ensuite, ils jouaient, comme dans un rituel, les malédictions promises dans l’alliance à celui qui ne respecerait pas l’alliance. C’est un peu la même chose que font les enfants pour s’engager envers un camarade : croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer. L’idée que l'enfant montre en faisant le signe de la croix est : si je t’ai menti, que la malédiction de l’enfer s’abatte sur moi ! Les deux parties jouaient donc les termes de l’alliance. Et c’est seulement si les deux parties étaient d’accord sur les termes et jouaient les termes que l’alliance était ratifiée.

Voilà ce que nous voyons dans ce passage. Dieu va faire une alliance avec Abraham. Voici donc le rituel de l’alliance. Prends une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe. Abram prit tous ces animaux, les coupa par le milieu, et mit chaque morceau l'un vis-à-vis de l'autre; mais il ne partagea point les oiseaux. Les oiseaux de proie s'abattirent sur les cadavres; et Abram les chassa. (Genèse 15:9). Abraham sait ce qui se passe. Il a l’habitude de cette coutume, mais nous ne l’avons pas. Abraham prend donc les animaux et les coupe en deux et dispose chaque moitié par terre en ligne et dispose les autres moitiés par terre en ligne en face avec un petit chemin pour marcher entre les 2 lignes d’animaux.

Ceci signifie que la rupture de cette alliance entraînerait donc la malédiction de mourir et en plus d’être découpé, retranché et livré aux bêtes. Autrement dit, celui qui s’engage dans cette alliance dit : si jamais je romps cette alliance que je meure et que je sois retranché du peuple de Dieu ! Voilà ce que la mort et la découpe des animaux signifient. Nous voyons la même chose dans Jérémie 34:18 où Dieu dit : Je livrerai les hommes qui ont violé mon alliance, ... qu'ils avaient fait devant moi, en coupant un veau en deux et en passant entre ses morceaux; je livrerai … tout le peuple du pays, qui ont passé entre les morceaux du veau; je les livrerai entre les mains de leurs ennemis, … et leurs cadavres serviront de pâture aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre.

Voici donc le contexte de cette alliance. Abraham a disposé les morceaux d’animaux et lui et Dieu doivent passer entre les morceaux pour ratifier l’alliance. C’est le moment de signer. Mais dans notre passage il arrive quelque chose d’extraordinaire. Un profond sommeil tombe sur Abraham Au coucher du soleil, un profond sommeil tomba sur Abram; et voici, une frayeur et une grande obscurité vinrent l'assaillir. Or, cette obscurité n’est pas la nuit. C’est une obscurité accompagnée d’une frayeur. C’est une obscurité surnaturelle.

Mais regardez ce qui se passe ensuite : Quand le soleil fut couché, il y eut une obscurité profonde; et voici, ce fut une fournaise fumante, et des flammes passèrent entre les animaux partagés. En ce jour-là, l'Éternel fit alliance avec Abram (V 18). Pendant qu’Abraham dort, une fournaise fumante, et des flammes passent entre les morceaux. Cette fournaise n’est pas Abraham, c’est Dieu. Dieu seul, sous la forme d’une fournaise fumante, passe entre les morceaux d’animaux. Dieu seul joue les malédictions de l’alliance. Abraham ne le fait pas. Comment en être sûr ? Parce qu’Abraham dort ! Dieu seul passe entre les animaux. C’est Dieu le seul signataire de cette alliance. Il signe pour les deux.

Alors cela signifie quoi ? Cela signifie que Dieu s’engage envers Abraham seul. Abraham ne s’engage pas dans cette alliance. Il dort. Dieu assume seul toutes les malédictions de cette alliance. Il dit : Abraham, si je ne fais pas de toi une grande nation, que je sois le seul à mourir et à être retranché et être livré aux bêtes ! Il ne demande rien à Abraham. Il l’a fait dormir. Abraham ne récupère que les bénédictions de cette alliance. Les malédictions sont pour Dieu seul. Dieu court seul dans cette alliance le risque de mourir et d’être retranché et livré en spectacle aux bêtes !

Et c’est arrivé. Dieu est mort et Dieu a été retranché et livré en spectacle. Sur la croix Jésus a été enveloppé d’une obscurité profonde comme Abraham ici. Jésus a été assailli d’une frayeur comme ici. Il a été livré aux rapaces, comme ici. Jésus est mort et il a été retranché de la terre des vivants. Il a été retranché, sectionné, découpé, rejeté de son peuple. Et, comble de l'horreur, il a été retranché et rejeté aussi de son Père. Jésus est devenu la malédiction, pendu et livré en spectacle à tous.

Ce qui se passe ici est donc un type de ce que Jésus fera plus tard. Il s’engagera seul pour nous. Il gardera l’alliance seul, parce qu’il sait que nous ne pouvons pas le faire. Quand il meure, nous dormons. Il signe seul le contrat de notre salut. Il a pris seul la malédiction, pour nous donner la bénédiction d’Abraham. Jésus-Christ l'a fait pour que, grâce à lui, la bénédiction d'Abraham s'étende aux non-Juifs et que nous recevions, par la foi, l'Esprit que Dieu avait promis (Gal. 3:13, Semeur). Ce passage est sur Jésus. Le héros de ce passage n’est pas un Abraham fatigué, mais un beaucoup plus excellent qu’Abraham, c’est Jésus qui assume tout pour nous sauver. Si vous lisez ce passage en cherchant sa morale, vous êtes complètement passé à côté de son message. Comme le dit Paul, En effet, pour toutes les promesses de Dieu, c’est en [Jésus] que se trouve le "oui" et l’amen (2 Cor. 1:20).


Conclusion

Jésus dit à ses disciples il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Écritures (Luc 24:44). Comprendre les Écritures n'est donc pas y voir des leçons de morale pour nous. Comprendre les Écritures, c'est comprendre comment tout parle de Jésus. Comprendre les Écritures c'est y voir Jésus partout, car il est partout. La bible est chrétienne.