jeudi 28 janvier 2021

La Prédestination et l'évangile

 






Introduction

Dans cette série sur le salut, j’ai commencé en insistant sur la souveraineté de Dieu. Mais mon dernier message était sur l’évangile de Jésus Christ. Je dois maintenant donc faire le lien entre ces 2 sujets, la souveraineté de Dieu, vue sur l’angle de la prédestination divine et l’évangile.

Avant de parler du rapport entre les 2, soyons clair sur ce que nous entendons par le mot prédestination. La prédestination est la doctrine selon laquelle le Dieu souverain planifie et programme toutes choses à l’avance. La prédestination dit, comme son nom l’indique, que tout est pré-destiné.

La Confession de Foi Baptiste de Londres 1689 exprime cette idée ainsi : CHAPITRE 3, LE DÉCRET DE DIEU Paragraphe 1 : De toute éternité, selon le conseil très sage et très saint de sa volonté, Dieu a décrété en lui-même, librement et immuablement, tout ce qui arrive.

Et encore concernant le salut. Paragraphe 3 : Par le décret de Dieu, pour la manifestation de sa gloire, certains parmi les hommes et les anges sont prédestinés ou pré-ordonnés à la vie éternelle, par Jésus-Christ, à la louange de sa glorieuse grâce ; d’autres sont laissés pour agir selon leur péché qui mène à leur juste condamnation, à la louange de sa glorieuse justice.

Je suis calviniste. J’adhère à cette confession. Car, je crois, en effet, que Dieu a décrété tout ce qui se passe. Absolument tout.

Je crois donc que certains hommes et certains anges sont prédestinés à la vie éternelle. Dieu sauve ceux qu’il a choisis de sauver avant la création du monde et donc par nécessité, il ne sauve pas ceux qu’il n’a pas choisis. Il fait cela (comme le dit la Confession) afin de se donner le maximum de gloire possible. Soit à la louange de sa glorieuse justice, soit à la louange de sa glorieuse grâce.

Mais une objection à cette idée est souvent de questionner le rôle ou même parfois l’utilité de l’évangile. Si certains hommes sont prédestinés à la vie éternelle par Dieu avant leur naissance, alors, dans ce cas, pourquoi leur prêcher l’évangile ? L’annonce de l’évangile devient inutile, dit-on, car si Dieu les a prédestinés à la vie éternelle, ils seront sauvés de toute façon, car c’est décrété, n’est-ce pas ?

Ce message est donc pour répondre à cette objection et pour montrer que la doctrine de la prédestination et de l’annonce de l’évangile ne sont pas conflictuelles, mais complémentaires.


1. L’évangile confirme la prédestination

Quel est donc le rapport entre la doctrine de la prédestination (ou plus précisément la doctrine de l’élection, car la prédestination des hommes à la vie éternelle s’appelle l’élection) et l’annonce de l’évangile ? Le rapport entre les 2 est que l’un sert à confirmer l’autre. Autrement dit, c’est en annonçant l’évangile que l’on découvre s’il y a des élus parmi nos auditeurs. C’est justement pour cette raison que je dis que les 2 sont complémentaires. Puisque Dieu prédestine non seulement la fin, mais aussi les moyens pour arriver à cette fin, l’annonce de l’évangile est le moyen que Dieu utilise pour ramener à lui ses élus. Comme le dit Wayne Grudem: « Dieu a certains de ses élus dans cette ville. Va et trouve-les ». On les trouve en leur annonçant l’évangile.

L’illustration biblique concerne les brebis. Dans Jean 10:27 Jésus dit que ses brebis entendent sa voix et le suivent. Mes brebis entendent ma voix; je les connais, et elles me suivent. Ceci est important. La bible sépare les êtres humains entre boucs et brebis. Or, dans la bible un bouc ne devient jamais une brebis. C’est Jésus qui appelle ses brebis perdues et égarées à lui et ses brebis le suivent car elle connaissent sa voix. Et elles connaissent sa voix parce que justement ce sont ses brebis. Le Bon Berger les connait, donc il les sauve, il les protège des loups et il les conduit dans de verts pâturages. Ces brebis sont les élus et l’appel de Jésus c’est l’annonce de l’évangile.

Car cet appel n’est pas sans pouvoir. Non, cet appel est un appel puissant, efficace. Car l’évangile est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit Rom. 1:16. Cet appel donne la vie. Cet appel crée la lumière. Cet appel ressuscite les morts. C’est un appel, puissant, efficace, irrésistible, et salutaire.

John Piper donne cette analogie de l’appel de l’évangile. Imagine que quelqu’un dort et que tu t’approches de lui et tu met ta bouche près de son oreille et que tu crie fort « réveille-toi ! ». Que se passe-t-il à ce moment-là ? La personne qui dormait est maintenant réveillée. Et tout cela arrive sans même que la personne n’y réfléchisse. De même, quand Dieu ordonne à ton ceour mort « réveille-toi », tu te réveilles. Comme Lazare. Dieu nous fait vivre et il nous fait vivre grâce à l’annonce de l’évangile. Jacques 1 : 18 : Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de vérité. L’appel de l’évangile est efficace, car l’évangile donne la vie à ceux qui y croient. Et ceux qui y croient sont les brebis de Jésus.

Quel est donc le rapport entre la doctrine de la prédestination et l’annonce de l’évangile ? Le rapport entre les 2 est que l’un sert à confirmer l’autre. Lannonce de l’évangile est le moyen que Dieu utilise pour confirmer l’élection de ses élus. Lannonce de l’évangile c’est la façon dont Dieu valide son choix chez ses brebis. Bref, l’annonce de l’évangile est le moyen que le Bon Berger utilise pour ramener à lui les brebis égarées qu’il a choisies et qu’il connaît.

Et ce que je dis est un message plein d'espoir. C’est un message d’espoir pour le pire des pécheurs. Te crois-tu le pire des pécheurs ? Il y a de l’espoir pour toi. Sur quelle base ? Sur la base de la prédestination. Car, (comme l’argumente l’apôtre Paul sur les jumeaux dans Romains 9:11) puisque Dieu nous choisit avant notre naissance, il ne prend pas en compte tout ce que nous avons fait de mauvais dans la vie. Dieu nous choisit avant que nous n’existions. Si tu dis que tu es trop mauvais pour être sauvé, alors tu insultes la grâce souveraine de Dieu.


2. Le double rôle de lévangile

L’annonce de évangile est le moyen que Dieu utilise pour confirmer l’élection de son élu. Mais dans ce cas, quel effet l’évangile a-t-il sur les non-élus ? Si une personne est destinée à l’enfer par Dieu avant sa naissance, et que cette personne entend l’évangile durant sa vie, quel effet l’évangile a-t-il sur la personne ? Est-il totalement inefficace ? Non, je crois que l’évangile est efficace sur les élus et aussi sur les non-élus, car la parole de Dieu annoncée ne revient jamais à Dieu sans avoir accompli les objectifs que Dieu a fixés. Esaïe 55 : 11 : Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: Elle ne retourne point à moi sans effet, Sans avoir exécuté ma volonté Et accompli mes desseins. Mais, évidemment, je ne dis pas que les objectifs sont les mêmes pour l’élu et le rejeté. Car, je crois à la double prédestination.

Quand un élu entend l’évangile, il y croit au moment prédéterminé par le Saint-Esprit. Mais quand un non-élu entend l’évangile, il n’y croit pas. Il considère le message comme sans valeur, ou impuissant, ou ennuyeux, ou scandaleux. Mais il n’y croit jamais et ainsi il endurcit son cœur, ce qui le conduit vers la mort. Ainsi l’annonce de l’évangile et donc l’évangéliste aussi est pour lui une odeur de mort donnant la mort. Nous sommes, en effet, pour Dieu la bonne odeur de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent: aux uns, une odeur de mort, donnant la mort; aux autres, une odeur de vie, donnant la vie (2 Cor. 2:15s).

L’évangile annoncé joue donc ce double rôle. Il sauve certains et il referme d’autres dans leur péché. Car en le rejetant, ces derniers confirment et assurent leur condamnation prédéterminée.

Ce fait confirme, je crois, l’idée de la double prédestination. Par double prédestination je veux dire le choix divin de sauver certains (qu’on appelle lélection) et le choix divin de condamner d’autres (qu’on appelle la réprobation).

Or, certains chrétiens savent que la bible enseigne que Dieu nous a choisi, selon Eph. 1 : 4 En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus Christ. Mais, même si ces chrétiens ont compris que Dieu nous a choisis, ils refusent l’idée que Dieu rejette. Ils disent que Dieu ne choisit que ceux qui auront le vie éternelle, mais il ne choisit pas ceux qui seront condamnés à l’enfer. La prédestination n’est pas double pour eux, mais simple. Il y a un choix divin en faveur de certains pour la vie éternelle et les autres ne sont pas choisis. Ils sont condamnés par défaut en quelque sorte. Faute de ne pas avoir été choisi.

Je ne suis pas d’accord avec cette idée. Je crois, comme Jérôme Zanchius explique dans son œuvre magistrale Prédestination Absolue, qu’il existe une double prédestination. Une prédestination divine à la vie pour certains (une élection) et aussi une prédestination divine à la mort pour d’autres (une réprobation). Je crois donc qu’il y a une élection et une réprobation, donc une double prédestination. Dieu choisit certains pour la vie et d’autres il rejette pour la mort.

Jérôme Zanchius cite de nombreux versets pour prouver sa position. J’en ai choisi 2 qui sont pour moi assez concluants : 1 Pierre 2 : 8 : ils s'y heurtent pour n'avoir pas cru à la parole, et c'est à cela qu'ils sont destinés. Et Jude 4 : Car il s'est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps. On voit, dans ces versets, que certains hommes sont destinés d’avance (donc prédestinés) à la condamnation.

Donc, on me dira, selon toi, Dieu crée certains hommes dans l’unique but de les damner éternellement ? Non. C’est n’est pas ce que je dis, ni ce que dit la Confession Baptiste. Je dis que Dieu crée ces hommes et les damne éternellement dans le but de glorifier sa justice. Car Dieu à créé le méchant pour être puni. L'Éternel a tout fait pour un but, Même le méchant pour le jour du malheur (Prov.16:4). Et cette punition sert à montrer la gloire de Dieu. Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition (Rom. 9:22).

Dieu a formé des vases de colère. Ces vases de colère ont été créés par Dieu pour recevoir sa colère pour toujours. Mais le but de Dieu ne s’arrête pas là. Il les a formés délibérément afin qu’en y déversant sa colère, il montre sa justice infinie. Car, comme nous avons lu dans la Confession Baptiste, la prédestination divine n’est pas une fin en soit, mais un moyen d’arriver à cette fin. La fin c’est la glorification de son nom. Dieu prédétermine toutes choses pour glorifier son nom. Il n’y a aucun autre scénario, aucun autre univers dans lequel Dieu aurait eu plus de gloire. Car dans la condamnation de ses ennemis, il glorifie sa justice. Et dans le salut de ses élus, il glorifie sa grâce.

La double prédestination est le moyen que Dieu utilise donc afin de se donner le maximum de gloire possible. La fin en soi c’est sa gloire. L’adoration joyeuse de son être par ses créatures pour toujours. Pourquoi ? Parce qu’il le mérite. Il est infiniment glorieuse. Il est infiniment digne d’être adoré. Toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, sur la mer, tous les êtres qui s'y trouvent, je les entendis s’écrier: «A celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau soient la louange, l'honneur, la gloire et la domination, aux siècles des siècles!» 14 Les quatre êtres vivants répondaient: «Amen!» Et les anciens se prosternèrent et adorèrent (Apoc. 5:13s).

Donc, grâce à l’annonce de l’évangile, Dieu sauve ses élus. Il les appelle à lui. L’annonce de l’évangile est fait pour cela. Mais aussi par l’annonce de l’évangile Dieu confirme et assure la condamnation des reprouvés.

Le même soleil qui fait fondre la neige, durcit aussi les briques d’argile. De même, l’évangile fait fondre le cœur des croyants. Ce sont ceux que Dieu a prédestinés à la vie éternelle. Et il durcit le cœur des rebelles. Ce sont ceux que Dieu a prédestinés à la mort éternelle.


3. La double prédestination minimisé-t-elle l’évangile ?

Mais, tout ceci soulève une objection. Si la double prédestination est vraie, cela implique forcément l’idée d’une symétrie dans les décrets de Dieu, n’est-ce pas ? Les théologiens anglophones appellent cette symétrie "equal ultimacy" (ultime égalité ?). Je n’ai pas trouvé le nom en français. (si vous connaissez le nom en français je serais reconnaissant de me le dire dans les commentaires).

L’objection dit quelque chose comme ceci. Si on dit que Dieu choisit l’un et rejette l’autre avant la fondation du monde, (c’est la double prédestination), alors cela revient à dire qu’il y a une sorte de symétrie ou d’égalité dans ses plans et ses décrets.

Dieu trie des pommes. Certaines il met dans le panier de droite, qui est étiqueté « approuvé », et il met les autres dans le panier de gauche, qui est étiqueté «rejeté». C’est le même geste, la même démarche, c’est juste le résultat qui change, car il brûlera le panier des rejetées.

Si tel est le cas, alors, l’évangile est peu de chose dans ce scénario, car le plan pour condamner et le plan pour sauver ne sont finalement que deux faces de la même pièce. L’évangile est donc minimisé dans un tel scénario, car l’essentiel se passe avant la mise en œuvre de l’évangile. L’essentiel dans l’analogie c’est le moment de trier les pommes et cela se passe avant la mise en œuvre de l’évangile. De plus, la différence entre droit et gauche est, somme toute, minime. La différence se trouve dans les conséquences, mais pas dans l’acte de choisir.

On dit donc que si la double prédestination est vraie, cela implique forcément l’idée de symétrie dans les décrets de Dieu et donc cela minimise l’importance de l’évangile dans notre salut. L’évangile est mis en retrait. Le projecteur est mis sur le choix divin, donc sur la prédestination.

Voici ma réponse à cette objection. Bien que je croies à la double prédestination, je ne crois pas que cette doctrine signifie que l’évangile soit mis en retrait, car je ne crois pas que cette doctrine implique forcément l’idée d’une symétrie dans les plans de Dieu. Car, le plan de sauver et le plan de condamner ne sont pas du tout égal ou symétrique.

En effet, j’ai dit plus haut (en accord avec la Confession Baptiste) que le but de Dieu est de glorifier son nom. Glorifier sa justice en condamnant certains et glorifier sa grâce en sauvant certains. Et, en effet, cela donne l’impression qu’il y a une symétrie entre le plan de salut et le plan de réprobation. Il y a la démonstration d’une justice divine sur un peuple et la démonstration d’une miséricorde divine sur un autre peuple. Un groupe reçoit la colère, l’autre reçoit la miséricorde. C’est Dieu qui tri des pommes, n’est-ce pas ?

Mais là où l’idée de symétrie s’arrête est que Paul nous enseigne que la condamnation de certains n’est pas l’objectif ultime de Dieu, car c’est écrit que Dieu les condamne afin de montrer aux autres la richesse de sa grâce. Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et s'il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu'il a d'avance préparés pour la gloire? Donc sa colère et sa justice sur certains servent un objectif plus grand, à savoir, faire connaître aux élus la richesse de sa gloire. Son objectif ultime est la révélation de sa gloire à nous et donc son action ultime n’est pas la prédestination à la destruction, mais la prédestination à la gloire. Le plan de réprobation est subordonné au plan de salut. Et donc le plan de salut est supérieur au plan de réprobation. Autrement dit, le plan de réprobation sert à mettre en valeur le plan de salut. La symétrie ou l’égalité de ces 2 plans est donc exclue.

L’objectif de la prédestination est donc de glorifier la grâce de Dieu. Tout va vers ce but, même sa colère. Comme le dit John Piper, si la gloire de Dieu c’est l’Everest, alors sa grâce en est le sommet. Cette idée est confirmée dans Éphésiens 1:5-6: Nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce qu'il nous a accordée en son bien-aimé. Et 2:7: afin de montrer dans les siècles à venir l'infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus Christ. Ces passages aussi nous enseignent que la révélation de sa colère et la révélation de sa grâce ne sont pas égales ou symétriques. Au contraire, le but ultime de Dieu est de nous montrer (à nous les vases de miséricorde) le sommet de sa gloire, c’est-à-dire l’excellence de sa grâce, la richesse de sa grâce. Certes, la colère fait partie de sa gloire, mais n’est pas le sommet de sa gloire. C’est la gloire de Dieu d’être en colère contre le péché, mais ce n’est pas la partie principale de sa gloire. La partie principale de sa gloire est sa grâce.

Et, bien sûr, ce plan pour glorifier sa grâce a pour héro le Fils de Dieu, car c’est son plan de salut. C’est ici que nous trouvons l’évangile. Car, Dieu montre sa grâce en nous sauvant et il nous sauve grâce à l’œuvre de son Fils sur la croix. Et c’est ici que je fais le lien avec la prédestination. Car c’était avant la création de la terre que Dieu a prédéterminé que cette grâce nous viendra par Jésus. Dieu nous a élus avant la fondation du monde, ... par Jésus Christ, ... à la louange de la gloire de sa grâce qu'il nous a accordée en son bien-aimé.

Donc, si je reviens à mon analogie d’un Dieu qui trie des pommes, le panier marqué « approuvé » est en forme de croix. Les pommes « approuvées » le sont uniquement parce qu’elles sont placées en Christ. Et c’est Dieu qui les met en Christ avant la fondation du monde. C’est cela la prédestination à la vie. Être mis en sécurité en Christ contre la colère de Dieu avant même que le monde ne soit créé. Être mis en sécurité en Christ contre la colère de Dieu avant même que tu n’existes. C’est ça la grâce.

Il n’y a donc pas d’égalité ou de symétrie ici. La glorification de sa grâce est son objectif ultime. Cet objectif est supérieur à la glorification de sa justice. Autrement dit, bien que la double prédestination soit vraie, biblique, le plan de salut et le plan de réprobation ne sont pas sur un même pied d’égalité. Le plan de réprobation sert à mettre en valeur le plan de salut. Et ce plan de salut c’est l’évangile. Ce plan de salut c’est Jésus.

Donc, la doctrine de la double prédestination ne minimise pas du tout l’évangile. Elle met en valeur l’évangile car elle le soulève comme étant le sommet de la gloire de Dieu.


Conclusion

La prédestination et l’annonce de l’évangile ne sont pas des idées conflictuelles, mais complémentaires. Ce message est sur la prédestination et l’annonce de l’évangile et justement ce que nous croyons sur la prédestination déterminera comment nous annonçons l'évangile. L’association des 2 doctrines est donc très importante.

Par exemple, si nous croyons que l’annonce de l’évangile est le moyen mis en place par Dieu pour appeler ses brebis à lui et à l’heure voulue par Dieu rien ne pourra empêcher une de ses brebis de venir à lui, alors nous annoncerons l’évangile avec clarté, confiance et hardiesse. Par contre, si nous croyons que l’évangile est une invitation offerte à un homme qui possède un libre-arbitre. Et que cet homme a le pouvoir de prendre ou de rejeter cette invitation et que Dieu est, à ce moment-là, un spectateur de sa décision, alors je vois 2 dérives possibles dans la façon dont nous annoncerons l'évangile.

Premièrement, nous ferons appel à la volonté de l'homme pour qu'il choisisse Jésus de ses propres forces. Nous insisterons sur ce que la personne peut faire. Sur ses capacités. Notre évangile élèvera l’homme et sa volonté insurmontable et déterminante. Ainsi, nous lui fournirons une bonne raison de se vanter, rien qu’un peu. Et aussi une bonne raison de croire que Jésus devrait lui être reconnaissant, rien qu’un peu, d’avoir accepté si aimablement son invitation. Je parle d’expérience.

Deuxièmement, nous aurons peur de heurter nos auditeurs, car cela pourrait les choquer et ils pourraient rejeter l'évangile à cause de nos maladresses. Quelle pression ! Quel stress ! Car tout repose sur leur décision, n’est-ce pas. Nous parlerons donc moins de péché, de colère divine, de condamnation, de culpabilité, de repentance et d'enfer et nous insisterons plus sur l'amour, la joie, la paix et la vie abondante qu’apporte la vie chrétienne.

Notre discours sera quelque chose comme ceci : « Tout dépend de toi, maintenant. Dieu a fait tout ce qu'il peut faire pour te sauver. Il a donné son Fils pour toi et maintenant c'est à toi de jouer. Il a fait 99%, tu dois faire ton 1%. C'est à toi de finaliser ton salut. Le ciel retient son souffle. Diras-tu "oui" à Dieu ? Accepteras-tu Jésus comme Sauveur ? Dieu veut te donner sa paix et sa joie. Viens à lui, il t'attend ».

Michael Houghton appelle ce message le "déisme moralisant thérapeutique". Cette approche remplace l'évangile de Jésus-Christ par le déisme moralisant thérapeutique.

Ensuite nous comparerons notre façon d’annoncer l'évangile à la façon dont les apôtres l’annoncent dans les Actes des Apôtres et nous constaterons, perplexes, le gouffre qui les sépare de nous. Encore une fois, je parle d’expérience.

Non, Ce n’est pas nous qui devons accepter Jésus, c’est Jésus qui doit nous accepter. Il n’a pas besoin de notre approbation, nous avons besoin de la sienne. Car Jésus est le Dieu tout puissant et ce n'est pas nous qui le choisissons, c'est lui qui nous choisit. Jean 15 : 16 : Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure.