dimanche 31 août 2014

Ordo Salutis (l’ordre du salut)



Introduction

Aujourd’hui je vais commencer une nouvelle série. Après ma première série sur la théologie propre (c’est-à-dire sur la doctrine de Dieu) et ma deuxième sur les Écritures, je veux maintenant étudier une autre doctrine essentielle du christianisme. C’est aussi la doctrine de la Réforme protestante, par excellence. Je veux parler bien sûr de la sotériologie, ou la doctrine de notre salut; comment un homme passe de la mort à la vie éternelle. Je vais faire une série sur tout ce qui concerne notre salut - si Dieu le veut - en commençant par la nature de l’homme, en passant par sa justification, et en finissant par sa glorification. Ce message sert d’introduction à cette série.



Il faut de l’ordre !

Dans ce message je voudrais baliser le chemin à parcourir dans la série. Je voudrais étudier le sujet de l’ordre de notre salut, parce que dans cette série l’ordre des choses est important. Cette doctrine s’appelle l’ordo salutis, c’est du latin pour "l’ordre du salut". Cette mise en ordre des doctrines concernant le salut permet d’examiner quelles sont les différentes étapes dans l’œuvre que Dieu fait pour nous sauver. Cet ordre est un ordre logique, et parfois chronologique.



Mais, pourquoi vouloir établir les différentes étapes dans le processus qui est notre rédemption ? Parce que la bible nous enseigne qu'il y a différentes étapes dans notre salut. Par exemple, la foi n'est pas la même chose que la repentance, et la nouvelle naissance n'est pas la même chose que la justification. Ce sont des étapes différentes que nous pouvons étudier séparément. Le fait d'étudier les différentes étapes séparément nous montre toute la splendeur et toute la plénitude dans l’œuvre de Dieu pour nous sauver. Mais pourquoi vouloir les mettre dans un ordre ? Parce qu'il y a un ordre.
Dans Romains 8:30 nous lisons : Et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés. Il est clair que nous sommes justifiés avant d’être glorifiés, nous sommes convertis avant d’être rendus parfaits. Je vais donc proposer un ordre.

Ceci dit, je veux être honnête avec vous. Les chrétiens évangéliques ne sont pas tous d'accord sur l'ordre des différentes étapes. Il y a 2 schémas différents. L'ordre que je défends est (je crois) celui qui correspond le mieux à l'enseignement de la bible et c'est aussi l'ordre que défendaient les Réformateurs, comme Luther et Calvin. Ma position est donc la position historique du protestantisme. Voici donc l'ordre des étapes dans notre salut que je propose et l'autre ordre, l’ordre des Arminiens :

Etapes   Ordre Calviniste           Ordre Arminien

1è         la prédestination              l’évangélisation

2è         l’évangélisation                la repentance

3è         la régénération                la foi

4è         la foi                               la régénération

5è         la justification                  la prédestination

6è         la repentance                   la justification

7è         la sanctification                la sanctification

8è         la glorification                  la glorification



Mes amis, faites votre choix !

Mais attention ! Ces différences sont plus que des étiquettes. Il s'agit de déterminer qui est la cause du salut de l'homme. Les Calvinistes, comme moi, disent que Dieu seul est la cause du salut et leur ordre reflète cette croyance. Les Arminiens disent que Dieu est la cause de leur salut, mais l'homme doit aussi y participer. D’où leur schéma. Donc, nous voyons que ce que nous croyons sur l’ordre de notre salut conditionnera tout ce que nous croyons sur notre salut et sur le rôle de Dieu dans notre salut.

Par exemple, Billy Graham, le célèbre évangéliste américain, a écrit un livre qui s’appelle Comment Naître de Nouveau. Dans ce livre, il explique que pour naître de nouveau (c’est la régénération dans la liste), il faut se repentir de ses péchés et il faut croire à l’évangile. Il dit ceci : Comment naître de nouveau ? En se repentant de ses péchés .... Ensuite, par la foi, nous recevons Jésus-Christ comme notre Seigneur. Donc, pour Billy Graham, l’ordre de notre salut est le suivant : la repentance, suivie de la foi, suivie de la nouvelle naissance. Selon lui, on ne peut pas naître de nouveau avant de se repentir. Un homme entend l’évangile, se repent de ses péchés, ensuite il croit à l’évangile et ensuite il est né de nouveau. Repentance, foi, régénération. C'est l'ordre des Arminiens. Mais, je ne crois pas que cela soit le bon ordre, selon la bible. Dans ma liste, j’ai mis la nouvelle naissance avant la foi et la repentance. Mon ordre est donc : régénération, foi, repentance, c’est l’inverse de l’ordre de Billy Graham.

Et là vous avez sûrement envie de me dire : tu ne te crois quand même pas plus biblique que Billy Graham ! Oui, sur ce sujet, je le crois. Billy Graham était un grand prédicateur et le Seigneur l’a utilisé pour amener beaucoup d’âmes à lui, mais, malheureusement, Billy Graham a enseigné des doctrines qui ne sont pas bibliques. J’en dirai plus sur ce sujet dans une minute. Donc, oui, je crois que sur le sujet du salut, je suis plus biblique que Billy Graham.

Donc, dans cette introduction à ma série sur le salut, je veux faire 2 choses. Avant tout, je veux dire haut et fort que le salut est en Jésus-Christ seul. Ensuite, je veux montrer que le salut est l’œuvre de Dieu seul et je ferai cela en défendant l'ordre du salut enseigné par les Réformateurs.



1. Le salut est en Jésus-Christ seul

Il n'y a de salut en aucun autre; car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés (Actes 4:12). Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi (Jean 14:6).

Le christianisme est une religion exclusive. Son message est clair : il n’y a pas plusieurs chemins qui mènent à Dieu, il n’y en a qu’un. Un seul chemin mène à Dieu et c’est Dieu qui l’a établi et ce chemin est Jésus et lui seul. Ce n’est pas un message qui plaît aujourd’hui. Nous vivons dans une culture post-moderne où le pluralisme règne. Le pluralisme dit qu’il y a plusieurs chemins qui mènent à Dieu. Mahomet mène à Dieu, Bouddha mène à Dieu, la vierge Marie mène à Dieu. En fait, il y a autant de chemins qui mènent à Dieu qu’il y a de croyances en Dieu ! Mais ceci est faux. Nous savons que Jésus est le seul chemin qui mène à Dieu, car lui seul est le Fils de Dieu, lui seul est sans péché, lui seul s’est offert comme un sacrifice pour nos péchés, lui seul est ressuscité des morts et lui seul reviendra juger toute la terre.

Mais, vous dîtes peut-être que je prêche à la chorale. Nous, les évangéliques, croyons tous cette doctrine de l’exclusivité du christianisme. Il ne viendrait jamais à l’esprit d’un évangélique l’idée de dire qu’il y a plusieurs chemins qui mènent à Dieu. Malheureusement, si ! Un pluralisme déguisé est entré dans l’église. En 1997, dans un entretien filmé avec un autre pasteur, Billy Graham n’est pas allé jusqu’à affirmer que quelqu’un peut venir à Dieu sans passer par Jésus, mais il a affirmé que quelqu’un peut venir à Dieu sans savoir qu’il vient en passant par Jésus. Autrement dit, selon Billy Graham, un homme peut croire en Jésus, sauf qu’il ne sait pas qu’il croit en Jésus, l’homme est sûr qu’il croit en quelqu’un d’autre. Par exemple, un bouddhiste peut croire en bouddha, mais en réalité il croit en Jésus. Ou un musulman peut croire que le plus grand des prophètes est Mahomet, mais en réalité, il croit que c’est Jésus, sans le savoir. Ou quelqu’un peut croire en Jésus, sans jamais avoir entendu parler de Jésus*.

Cette position est une position anti-biblique. On aurait envie de demander à Billy Graham : si c’est vrai qu’un homme peut croire l’évangile, sans jamais en avoir entendu parler, pourquoi annoncer l’évangile à tous ? Tous ces missionnaires, morts pour rien ! Non, c’est une position anti-biblique et totalement absurde. Comment peut-on croire que le Fils de Dieu est mort pour ses péchés, si on ne connaît pas cette information ? Billy Graham n’a-t-il pas lu Paul : Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler ? (Rom. 10:14). Non, le salut est en Jésus-Christ seul et pour croire cette bonne nouvelle, il est évident qu’il faut nécessairement avoir déjà entendu cette nouvelle !

Mais là, les gens protestent et disent : mais dans ce cas-là, si un homme doit entendre et croire l’évangile, chacun n’a pas la même chance de se convertir, car certaines personnes entendent l’évangile et d’autres ne l’entendent jamais. Ce serait injuste de la part de Dieu de condamner ceux qui n’ont jamais eu la possibilité de se convertir, disent-ils. On aurait envie de leur demander s’ils estiment que pour être juste, Dieu doit donner la même chance à chaque pécheur de se convertir. Si c’est le cas, alors Dieu pratique déjà de l’injustice, car il ne donne aucune possibilité aux anges pécheurs de se convertir. Ils sont perdus pour toujours, parce qu’il n’y a pas d’évangile pour eux. Est-ce que Dieu est injuste ? Non, parce que pour être injuste, Dieu devrait donner à quelqu’un ce qu’il ne mérite pas. Or, tous les pécheurs (les humains comme les anges) n’ont que ce qu’ils méritent. Et si certaines personnes n’ont pas ce qu’elles méritent, c’est parce que Dieu, plutôt que d’être juste a choisi d’être miséricordieux. Non, le salut est en Jésus seul, et ceux qui ne croient pas en Jésus ne sont pas sauvés. Ce n’est vraiment pas difficile à comprendre. Nul ne vient au Père que par [Jésus].

Mais, mon beau-frère, pasteur, m’a opposé 2 faits qui, pour lui, prouvent que l’on peut être sauvé sans croire en Jésus. (Et oui, il y a des pasteurs qui veulent prouver qu’il y a du salut en dehors de Jésus !)

(i) Dans l’Ancien Testament, les croyants étaient sauvés, mais ils ne pouvaient pas croire en Jésus, puisque Jésus n’était pas encore né. Donc, ils étaient sauvés, sans croire en Jésus.

Mais, est-ce que c’est vrai qu’Abraham, par exemple, ne croyait pas en Christ ? Que dit la bible ? Dieu appelle Abraham et lui fait la promesse que toutes les familles de la terre seront bénies en toi ! (Gen. 12:3). Plus tard, Dieu renouvelle sa promesse et Abram eut confiance en l'Éternel, qui le lui imputa à justice (Gen. 15:6). Donc, Abraham est sauvé en croyant Dieu. Il croit la promesse que Dieu lui a faite.

Oui, mais, dirait mon beau-frère, justement Abraham croit en Dieu, il ne croit pas en Jésus. Mais ce n’est pas fini. Quelle est la promesse qu’il croit ? Toutes les familles de la terre seront bénies en toi ! (Gen. 12:3), et toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité (Gen. 22:18). Or, Paul argumente ici que le singulier "postérité" indique que la promesse parle de Christ : Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité. Il n'est pas dit: et aux postérités, comme s'il s'agissait de plusieurs, mais en tant qu'il s'agit d'une seule : et à ta postérité, c'est-à-dire, à Christ (Gal. 3:16). Donc, Abraham a cru la promesse de Dieu qu’un homme de sa postérité bénirait toutes les nations de la terre. Cet homme est Christ. Abraham croyait donc en Christ. Oui, mais c’était un Christ générique et non pas Jésus de Nazareth. Ah si ! Jésus lui-même dit qu’Abraham croyait en lui : Votre ancêtre Abraham a été rempli de joie à la pensée de voir mon jour (Jean 8:56, Segond 21).

Oui, mais Abraham était un cas unique. Faux ! Moïse a suivi Christ : par la foi Moïse, devenu grand, refusa d'être appelé fils de la fille de Pharaon, regardant l'opprobre de Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l'Égypte (Héb. 11:26). Moïse croyait donc en Christ. Il était donc possible de croire en Christ (en le Messie) avant la naissance de Jésus, car le Christ (l’Oint de Dieu) existait avant la naissance de Jésus.

Certes, les croyants de l’Ancien Testament n’avaient pas tous les détails, (comme quand Jésus allait naître etc.), mais, on n’a pas besoin de croire ces choses pour être sauvé. Comme le brigand sur la croix, ils croyaient l'évangile. Paul dit : Je vous ai enseigné avant tout, comme je l'avais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures; qu'il a été enseveli, et qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures. (1 Cor. 15:3). Selon Paul, les Écritures, (ici l’Ancien Testament) enseignent que Christ devait mourir, qu’il devait mourir pour les péchés des hommes, et qu’il devait ressusciter le troisième jour. Tout ceci est dans l’Ancien Testament.

Mais, dirait mon beau-frère, Abraham n’avait pas l’Ancien Testament, il n’avait aucune Écriture, il ne pouvait donc pas comprendre le sacrifice de Jésus dont parle Paul. Mais, je réponds qu’Abraham a vu une allégorie de l’évangile. Abraham a vu que Dieu a épargné Isaac, en pourvoyant lui-même le sacrifice. Abraham a cru cette promesse : comme Dieu a pourvu le sacrifice pour sauver Isaac, Dieu pourvoirait le Sacrifice pour sauver toutes les nations : Mon fils, Dieu se pourvoira lui-même de l'agneau pour l'holocauste ... Abraham appela ce lieu-là: Jehova Jiré (le Seigneur pourvoira). (Gen. 22:8 & 14).

Non, que ce soit dans l’Ancien Testament ou le Nouveau Testament, le salut est en Jésus-Christ seul. Abraham, Moïse et les autres croyaient en la promesse à venir, nous croyons en la promesse tenue. Mais il n’y a pas 2 promesses différentes, mais une seule, et il n’y a pas deux sortes de foi, mais une seule. Que ce soit pour les Juifs d’autrefois, ou pour nous les païens, nous participons à la même promesse et sommes unis dans la même foi en Jésus-Christ : les païens sont cohéritiers, forment un même corps, et participent à la même promesse en Jésus Christ par l'Évangile (Eph. 3:6).

(ii) Les bébés n’ont pas les capacités intellectuelles pour comprendre l’évangile. Si un bébé doit croire l’évangile pour être sauvé, alors, tous les bébés qui meurent vont en enfer.

Non, car c’est faux de dire qu’un bébé ne peut pas croire en Jésus. Un bébé peut croire en Jésus. Un bébé, même dans le ventre de sa maman, peut croire en Jésus. Jean-Baptiste a sauté de joie dans le ventre de sa maman, lorsqu’il a entendu la mère de son Sauveur. Dès qu'Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein (Luc 1:41). Jean-Baptiste est né de nouveau dans le ventre de sa maman. Et il est né de nouveau en croyant en Jésus ! Une foi simple, certes, mais une foi en Jésus-Christ quand même.

Pour tous, pour les petits et les grands, pour les patriarches et pour nos contemporains, le salut est par la foi en Jésus et en Jésus seul.



2. Le salut est l’œuvre de Dieu seul

Tout chrétien croit que le salut est l’œuvre de Dieu. Mais croyez-vous que le salut est l’œuvre de Dieu seul ? Votre réponse à cette question importante déterminera quel ordre de salut vous choisirez.

Comme Billy Graham l’a très bien montré dans son livre, la question de l’ordre du salut tourne surtout autour de l’ordre de 2 étapes : la conversion (qui comprend la repentance et la foi) et la régénération (qu’on appelle aussi la nouvelle naissance). C’est sur l’ordre de la conversion et la régénération que porte la discorde entre Calvinistes et Arminiens. Les Calvinistes disent que puisque Dieu seul est la cause de notre salut, la régénération est avant la conversion. On appelle cette position le monergisme. Par contre, les Arminiens disent que puisque l’homme coopère avec Dieu dans son salut, la régénération est après la conversion. On appelle cette position le synergisme. Ils disent qu’un homme entend l’évangile, la croit et se repent de ses péchés. Il se convertit et ce n’est qu’à ce moment-là qu’il est né de nouveau.

Cet ordre me semble problématique à plusieurs niveaux. Je vais aborder ces problèmes plus longuement dans les messages suivants, mais je voudrais pointer ici 7 raisons pourquoi la doctrine qui place la conversion avant la régénération n’est pas biblique :

(i) Elle enseigne qu’un homme dans son état de péché peut se repentir.

(ii) Elle enseigne qu’un homme est sauvé à cause de sa décision de croire.

(iii) Elle enseigne que Dieu prédestine un homme à être sauvé parce que Dieu sait qu'à l'avenir cet homme choisira de croire en Christ.

(iv) Elle enseigne qu’il y a des conditions que l’homme doit remplir pour obtenir le salut.

(v) Elle enseigne que la nouvelle naissance est une conséquence de la conversion.

(vi) Elle enseigne que Dieu, voyant la foi de l'homme, le sauve.

(vii) Elle enseigne donc, qu’un homme est sauvé en coopérant avec Dieu, dans une synergie ou un partenariat.

Je pense avoir représenté fidèlement la position des Arminiens. J’étais moi-même Arminien. Alors, qu'est-ce qui ne va pas avec ces 7 points ? Examinons-les un par un et je pense que leurs erreurs sauteront aux yeux.

i) Cette doctrine enseigne qu’un homme dans son état de péché peut se repentir. Mais se repentir est une action qui plaît à Dieu. Jésus nous dit : il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent (Luc 15:10). Donc, cette doctrine prétend qu’un homme peut plaire à Dieu dans son état de péché. Mais l'homme dans son état de péché ne peut pas plaire à Dieu : ceux qui sont animés par leur nature propre ne peuvent pas plaire à Dieu (Rom. 8:8, Segond 21). Il est donc impossible pour un homme dans son état de péché de plaire à Dieu. Cette doctrine est donc fausse.

(ii) Cette doctrine explique qu’un homme est sauvé à cause de sa décision de croire. Lui est sauvé parce qu’il a cru à l’évangile, alors que d’autres sont perdus parce qu’ils ont rejeté l’évangile. Nous savons que le fait de rejeter l’évangile est mal. A contrario, le fait de croire l’évangile est bien. Donc, un homme est sauvé parce qu'il a décidé de faire le bien. Puisque cette décision de faire le bien vient de lui seul, cet homme a donc une raison de se vanter : ils ont choisi le mal, mais j’ai choisi le bien. Une doctrine qui laisse la possibilité à l’homme de se vanter n’est pas biblique.

(iii) Cette doctrine enseigne que Dieu prédestine un homme à être sauvé, parce que Dieu sait qu'à l'avenir cet homme choisira de croire en Christ. Premièrement, cette doctrine implique l'idée que Dieu apprend des choses, car c'est en 'voyant' dans l'avenir la décision de l'homme, que Dieu le prédestine à être sauvé. Mais Dieu ne peut pas apprendre.

Deuxièmement, ceci rend le choix de l'homme prééminent par rapport au choix de Dieu. Dans ce schéma, l'élection n'est pas l’œuvre de Dieu, mais c’est l’œuvre de l'homme. L'ordre logique ici est que l'homme élit Dieu, ensuite, Dieu valide le choix de l'homme rétrospectivement. Mais Jésus dit que nous ne l’avons pas choisi : Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis (Jean 15:16).

(iv) Cette doctrine enseigne qu’il y a des conditions que l’homme doit remplir pour obtenir le salut. Mais la doctrine qui impose des conditions à l’homme pour obtenir le salut porte un nom. C'est le légalisme. Le légalisme dit : si tu remplis ces conditions, Dieu te bénira. Si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez entre tous les peuples (Ex. 19:5). Ceci n'est pas l'évangile, c'est la loi.

(v) Cette doctrine enseigne que la nouvelle naissance est une conséquence de la conversion. Dieu nous régénère parce que nous nous sommes convertis. Ainsi, la nouvelle naissance est une due, une récompense pour notre conversion. Or, si c’est une chose due, ce n’est plus par grâce, car : à celui qui fait une œuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due (Rom. 4:4). Cette doctrine minimise la grâce de Dieu dans notre salut.

(vi) Cette doctrine enseigne que Dieu, voyant la foi de l'homme, le sauve. Il le justifie et le fait naître de nouveau. Ainsi, elle met Dieu dans le rôle de celui qui réagit en fonction des actions de l'homme. Dieu est un Dieu passif, voire attentiste ici. L’homme décide et Dieu réagit en conséquence. Mais, la bible dit : Il y a dans le cœur de l'homme beaucoup de projets, mais c'est le plan de l’Éternel qui s'accomplit (Prov. 19:21) Un Dieu qui est suspendu aux actions des hommes n’est pas le Dieu de la bible.

(vii) Cette doctrine enseigne donc, qu’un homme est sauvé en coopérant avec Dieu, dans une synergie ou un partenariat. Dieu a fait sa part, je dois faire le mien. Et sans ma part, son salut me serait d’aucune utilité. Si c’est le cas, il est faux de dire que Dieu sauve un homme. Il est plus correct de dire que Dieu et l'homme ensemble sauvent l'homme. Et donc, il est aussi faux de dire que Jésus est le Sauveur des hommes, il est plus correct de dire que Jésus est le Sauveur potentiel des hommes. Mais le Nouveau Testament dit que Dieu seul sauve des hommes : Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n'imputant point aux hommes leurs offenses (2 Cor. 5:19). Et le Nouveau Testament présente Jésus comme un Sauveur certain, non pas comme un Sauveur potentiel : tu lui donneras le nom de Jésus; c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (Matt. 1:21). Non, Jésus est un vrai Sauveur, pas un Sauveur potentiel et Dieu seul sauve les hommes. Il n’a pas besoin de notre aide. Je conclus donc que l’ordre du salut qui met la conversion avant la régénération, n'est pas biblique pour toutes ces raisons.




Voici donc l’ordre biblique du salut que je vais étudier dans le détail dans cette série. Cet ordre est celui de Romains 8:30 (prédestinés, appelés, justifiés, glorifiés). Tout d’abord, Dieu m’a prédestiné avant la fondation du monde à être sauvé en Christ. Ce choix ne dépend en aucun cas de quelque chose en moi, mais de Dieu seul. Ensuite, quand je vis sur la terre, Dieu fait en sorte que j’entende l’évangile. C’est l’appel de l’évangile. Et à travers les paroles de l’évangile et par son Esprit, Dieu me régénère, (je suis né de nouveau). Puisque je suis né de nouveau et que, par conséquent, je ne suis plus esclave du péché, je veux croire à l’évangile et je peux croire à l’évangile. C’est parce que Dieu a fait de moi une nouvelle création que je crois et non pas le contraire. C’est à ce moment-là que Dieu me justifie. Ainsi, je suis sauvé (dans le sens strict du terme) par la foi seule. Je me repens de mes péchés (c’est la conversion). Ensuite, s’ensuit un processus de sanctification qui dure toute ma vie. Quand je mourrai, je serai glorifié pour l’éternité.


En plaçant la nouvelle naissance avant la conversion, cet ordre nécessite que le salut soit l’œuvre de Dieu seul.



Conclusion

En terminant je veux insister sur le fait que cette grande oeuvre de rédemption n’est pas une fin en soi. Aussi merveilleuse et extraordinaire qu’elle soit, (cette oeuvre parfaite de Dieu), notre glorification et la vie éternelle sont les moyens d’arriver à un autre but. Dieu ne nous a pas prédestinés pour le simple désir de nous glorifiés, car si c’était le cas, cela indiquerait que nous sommes au centre de son oeuvre de salut. Mais nous ne sommes pas au centre de cette oeuvre, Dieu est au centre. Cette oeuvre ne tourne pas autour de nous, mais autour de lui. La fin n’est pas l’homme, mais Dieu. Le but de tout cela n’est pas notre bonheur, mais que la gloire de Dieu resplendisse à jamais. Dieu nous a sauvé pour que nous passions l’éternité à nous nous réjouir de lui, à le connaître dans son infinitude et donc que nous le glorifions le plus possible. Toutes les nations que tu as faites viendront Se prosterner devant ta face, Seigneur, Et rendre gloire à ton nom. Car tu es grand, et tu opères des prodiges; Toi seul, tu es Dieu. Heureux le peuple dont l'Éternel est le Dieu ! (Psaume 86:9 & 144:15).



* J’inclus le lien vers la vidéo de l’entretien de Billy Graham ici : https://www.youtube.com/watch?v=hrf60-zHl9A