J’avais prévu de terminer ma série sur la bible avec mon dernier message. L’idée de terminer en parlant de Jésus me plaisait beaucoup. Cependant, c’était sans compter sur les différentes questions que cette série allait soulever chez certains. J’ajoute donc cette étude par nécessité, comme un appendice à ma série. C’est une étude plus technique que les autres. Mais c’est une étude nécessaire, car la bible est attaquée aujourd’hui comme jamais avant. Des étudiants chrétiens au lycée et à la fac perdent leur confiance en la bible et donc dans la foi chrétienne à cause des argumentations que je vais réfuter dans cette étude.
Voici
le problème. Dans mon message Sola-Scriptura j’ai défini
la bible comme étant les 66 livres de Genèse à l’Apocalypse.
Certains m’ont demandé de justifier cette définition de la bible.
Ce qui me frappe c’est que les sceptiques, les modernistes, les
athées et même les Catholiques ont ici le même but, à savoir,
insinuer que l’autorité de la bible n’est pas intrinsèque; que
son autorité vient d’ailleurs et ceci afin de nuire à l’autorité de
la bible. Je voudrais donc prendre le temps dans cette étude
d’établir la vérité concernant ce que l’on appelle le Canon
des Ecritures et par le même de rassurer certains chrétiens
évangéliques qui ont pu être perturbés par ces fausses
objections.
Dans
un premier temps, je voudrais définir ce que c’est le canon.
Ensuite, je voudrais présenter les argumentations que ces
perturbateurs utilisent contre la bible, pour montrer point par point
les incohérences et inexactitudes dans leurs argumentations, afin de
démontrer que leurs attaques contre la bible sont infondées.*
1.
Ma position
Premièrement,
définissons ce que c’est le canon. Le mot canon vient du grec
κανών signifiant "règle ou modèle", lui-même
emprunté à l'hébreu qaneh "roseau, mesure, canne".
Et le Canon des Ecritures signifie "la norme des écritures".
La question du canon de la bible est donc; c’est quoi la bible ?
Quels livres font partie de cette norme ? Quels livres sont dedans et
quels sont dehors ?
Le
premier commentaire que je veux faire ici c’est que pour le
chrétien, la bible est la Parole de Dieu. Il s’agit de déterminer
quels livres sont la Parole de Dieu et donc par implication lesquels ne
le sont pas. Donc, la première chose à reconnaître est que la
question du canon de la bible n’est pas une question historique.
C’est une question de doctrine. Contrairement à ce qu’affirment
les Catholiques et les internautes anti-chrétiens en tout genre, on
ne définit pas le canon on faisant une leçon d’histoire, mais une
leçon de doctrine biblique. Ceci est fondamental. Considérer le
canon premièrement ou uniquement d’un point de vue historique
c’est mettre la charrue avant les bœufs. C’est comme si on
considérait les miracles de Jésus uniquement d’un point de vue
historique. Notre théologie doit être correctement en place pour
comprendre les miracles. Par exemple, il y a des gens qui essaient de comprendre
les miracles de Jésus, sans croire en Dieu. Pour eux les miracles
sont logiquement impossibles. Ils y trouvent des explications
purement naturelles. Il leur est donc impossible de comprendre les miracles,
car leur doctrine est erronée. C’est pareil avec la question du
canon. Si nous n’avons pas une doctrine biblique de la bible, alors
nous faisons fausse route. La question du canon de la bible est avant
tout une question de doctrine.
Malheureusement,
la plupart des livres évangéliques abordent ce sujet essentiel d’un
point de vue purement historique, sans étudier la doctrine biblique
de la Parole de Dieu. Il est vrai qu’une bonne connaissance de
l’histoire de l’église est importante pour démasquer
les erreurs des opposants à la bible, ce que je vais faire dans
cette étude. Mais il ne faut pas commencer là. On doit commencer
avec la doctrine. On doit commencer avec l’enseignement de la bible sur la bible. C’est
le principe de Sola-Scriptura.
Par
conséquent, on peut répondre à la question sur la définition de la bible comme ceci : le Canon des Ecritures est la collection de
livres inspirés, que Dieu a donnés à son église universelle.
Donc, contrairement à ce qui est souvent dit, le canon n’est pas
quelque chose que les hommes ont établie ou décidée. C’est Dieu
qui décide ce que c’est le canon des Ecritures. Ce point est fondamental. C’est Dieu qui
décide ce qu’il a dit et n’a pas dit, pas nous. Les hommes
peuvent recevoir sa Parole, l’affirmer, lui obéir (ou pas), mais
les hommes ne sont pas les agents qui constituent sa Parole. C’est
Dieu, en parlant, qui constitue son propre canon. Donc, en principe,
le Canon des Ecritures pourrait exister, sans qu’aucun homme ne le
sache. Un canon pourrait exister sans l’avis ou l’approbation
d’aucun homme, car c’est Dieu qui crée le canon.
Deuxièmement,
il faut reconnaître que la bible prétend ne pas être comme tous
les autres livres. Ce livre prétend être la pensée de Dieu. Donc, encore
une fois, si nous le traitons comme les autres livres, nous faisons
fausse route, car on rencontre Dieu dans ce livre. Et on ne peut pas
rencontrer Dieu sans l'Esprit de Dieu. Donc, il faut aborder ce livre
avec une théologie bien définie avant de le lire. C’est-à-dire, soit
on l’accepte comme la Parole de Dieu, soit on le rejette. Et si on
le rejette, comme le sceptique, et l’athée, on ne le comprendra
jamais, car on ne comprend pas la Parole de Dieu sans l'Esprit de
Dieu. Ils détestent ce discours, mais c'est la vérité. Tout comme
Dieu s'authentifie lui-même, la Parole de Dieu s'authentifie. Elle a
autant d'autorité que lui, car elle est sa Parole. Seuls les
Protestants évangéliques ont cette haute idée de la bible. Les
Catholiques reconnaissent que la bible est inspirée, mais prétendent
qu’elle n’est pas suffisamment inspirée pour pouvoir
s'authentifier seule. Pour eux la Parole du Dieu vivant a besoin de
l’approbation de l’homme pour être autoritaire. Quelle idée
insensée !
Avec
ces présuppositions affirmées, assumées et bien en place,
examinons les argumentations des opposants à la bible.
2.
Leurs Argumentations.
i)
Le Nouveau Testament n’existait pas avant le IVe siècle. Donc
la doctrine de Sola-Scriptura ne pouvait pas exister avant cette
date. Donc c’est une doctrine auto-réfutante.
Cette
argumentation est fallacieuse à plusieurs niveaux. Premièrement,
c’est un argument du silence. Ce n’est pas parce que nous n’avons
pas connaissance d’une liste des 27 livres du NT que l’église a pu dresser, datant d’avant le IVe siècle, qu’une telle liste
n’a jamais existé. Mais plus encore, c’est une erreur de
catégorisation. Ce n’est pas parce qu’il n’y avait pas de
liste des livres du NT que ces livres n’existaient pas !
Voici
une illustration. Je suis auteur. J’écris des livres. Il y a donc
un canon de mes livres. Or, je n’étais pas obligé d’écrire la
liste de mes livres pour que ce canon existe. Dès que j’avais
terminé mon premier livre, mon canon existait. C’est pareil pour
le canon de la bible. Dire que le Nouveau Testament n’existait pas
avant le IVe siècle est donc absurde. Les livres existaient. Dieu
connaissait ses livres, car le Canon des Ecritures est son œuvre.
Mais
selon Rome, les Ecritures ne peuvent pas être considérées comme
les Ecritures dans l’église, sans être validées par l’autorité
de l’église. La Parole de Dieu a besoin de l’aval de l’homme
pour être la Parole de Dieu. Voici leur problème. Premièrement, si
on ne peut pas avoir un canon fonctionnant dans l'église sans une
définition infaillible de ce qu’est le canon, alors comment un
Juif vivant 50 ans avant la naissance de Jésus savait-il que 2
Chroniques ou le Cantique des Cantiques étaient inspirés de Dieu ?
Il est à noter qu’aucune des disputes entre les pharisiens et
Jésus n’était sur le canon. Quand Jésus citait l’Ancien
Testament, personne ne lui répondait que ce qu’il avait dit
n’était pas dans les Ecritures. Quel concile infaillible avait
donc choisi ces livres pour que tous les acceptent ? Si aucun concile
ne les avait validés, comment savait-ils tous que ces livres étaient
les Ecritures ? Si le Juif le savait sans concile, pourquoi le chrétien en a-t-il besoin ? Deuxièmement, si le NT ne peut pas être autoritaire dans l'église
sans une définition infaillible de ce qu’est le canon, alors cela
pose un gros problème pour les Catholiques, car la première fois
que Rome s’est prononcée de façon dogmatique sur le canon était
en 1546. Si la doctrine de Sola-Scriptura est auto-réfutante parce
qu’il n’y avait pas de NT reconnu avant le IVe siècle, que dire
de l’autorité de la bible catholique ?
ii)
Il y avait aussi beaucoup d’autres livres qui circulaient dans
les églises. Certains étaient inclus dans la bible au début et ensuite retirés.
Les
gens qui formulent cette objection ont trop regardé le Da Vinci
Code et ont trop peu étudié l'histoire ! Le problème avec
cette argumentation est qu’elle est anachronique. L’évangile de
Thomas et l’évangile de Pierre (souvent cités pour illustrer cette argumentation) n’étaient même pas écrits à
l’époque où les 4 évangiles circulaient. Ils ont été écrits
seulement une centaines d’années après les évangiles. Il est
donc faux de donner l’impression que tous ces livres circulaient en
même temps dans les églises et que les églises les considéraient
tous comme égaux. Il y avait déjà un grand consensus sur les 4
évangiles avant même que ces pseudo-évangiles n’aient été
écrits.
Comment
en être si sûr qu’il y avait consensus ? Parce que les manuscrits
le prouvent. Les premiers chrétiens n'écrivaient pas sur des
volumen (ou des papyrus), mais sur des codex. Un codex
est comme un livre. Et on pouvait y rassembler plusieurs livres dans
un seul codex. Un codex pouvait jouer le rôle d'une petite
bibliothèque portable. Par exemple, il existe des codex qui sont des
collections des 4 évangiles, datant de la fin du IIe siècle
(P4, P64 et P67). Il y a aussi un codex qui est une collection des
lettres de Paul (P46) etc. Donc, cela nous montre qu'au IIe siècle
les chrétiens commençaient à voir ces différents livres
(évangiles et lettres) comme une unité. Pourquoi Est-ce que ceci est important ? Parce que cela montre qu'il y avait
déjà une conscience canonique dans l’église environ un siècle
après la mort de Jésus et aussi une idée précise sur la façon
dont ces livres devaient être assemblés (évangiles ensemble,
lettre ensemble etc.). Et tout ceci sans aucune déclaration
officielle de l'église !
Et
que voit-on dans ces codex ? On voit systématiquement que la
collection des évangiles est la même que celle que nous avons
aujourd'hui. Par exemple, on ne voit jamais une collection de
Mathieu, Marc, Thomas et Jean ou encore de Mathieu, Marc, Luc et
Pierre. Ceci contredit ce que les opposants à la bible affirment.
Les autres évangiles qui circulaient plus tard n'étaient pas
considérés comme inspirés comme les 4 évangiles originaux. C’est
la preuve documentaire que le consensus autour des évangiles était
constant et généralisé très, très tôt dans l'histoire de
l'église.
Mais,
protestent certains, le codex P72 est le plus vieux manuscrit existant
aujourd'hui et bien qu’il contienne 1 & 2 Pierre et Jude, il
contient aussi des livres apocryphes. Ceci prouve que les faux livres
circulaient avec des vrais dans l’église, n'est-ce pas ? Pas
vraiment, quand on regarde P72 de près, on voit que c'est un codex
étrange. Il contient des pages dont les numéros ne se suivent pas
et dont l'écriture est différente d'une page à une autre. P72
donne l'impression d'être une collection personnalisée de livres
dans laquelle les pages arrachées de 1 & 2 Pierre et Jude ont
été collectées et ajoutées à des livres apocryphes dans le
codex. Ceci expliquerait le décalage dans les numéros des pages et
la différence d'écriture. Ce codex atypique est probablement
un manuscrit personnalisé que quelqu'un a fabriqué pour sa lecture
personnelle. C'était un Kindle ancien ! Il est l’exception
qui confirme la règle.
Un autre exemple souvent cité est le
Codex Sinaiticus. C'est un manuscrit quasi-complet du Nouveau Testament
datant du IVe siècle. Il est vrai qu'il contient les livres
apocryphes comme l'Epître de Barnabé et le Pasteur d'Hermas. Mais ce
qu'il faut noter (et ceux que les opposants à la bible ne disent
jamais) est que ces livres apocryphes ne sont justement pas inclus
dans le canon. Ils sont placés après le livre de l'Apocalypse. Et
ceci est le cas dans tous les autres codex qui contiennent livres
bibliques et apocryphes. C'est assez surprenant, car les livres apocryphes sont souvent
des lettres, alors pourquoi ne pas les mettre avec les lettres de
Paul ? Après tout, il y a de multiples auteurs dans le NT, cela
n'aurait posé aucun problème de mettre 1 & 2 Clément, par
exemple, entre Jacques, Pierre et Jean, si les chrétiens
considéraient ces lettres comme étant inspirées. Si ces livres
faisait vraiment partie du canon, pourquoi les mettre après le canon ?
On pense que ces livres étaient inclus dans certains codex comme des
livres utiles à lire. Quoi qu’il en soit, ils sont toujours bien
distincts des autres livres du NT. Il faut savoir que cette pratique
était une règle généralisée. Il n'y a aucune liste de livres de
cette époque dans laquelle les livres apocryphes sont mélangés
avec les livres canoniques. Aucune. Donc, parmi tous les codex de la
bible qui existent, les codex et les listes qui contiennent des
livres apocryphes mettent toujours les livres apocryphes en dehors de
notre NT. Donc, même ces codex, que les Catholiques et les athées
utilisent pour nuire à l’autorité intrinsèque du NT, ne font que
la renforcer. Ceci prouve, donc, que ces autres livres n'étaient pas
considérés comme les égaux des livres du NT.
iii)
La bible que nous avons aujourd’hui n’est pas tombée du ciel
comme ça, si nous l’avons c’est bien parce que quelqu’un a
décidé quels livres devaient être inclus dans le canon de la
bible.
Les
opposants à la bible disent que c’est au Concile de Nicée (en
325) que le canon a été formé. Ils affirment que dans ce concile, on a choisi
l'évangile de Jean, et on a rejeté l’évangile de Thomas. Notons
tout d’abord, que c’est tout de même assez surprenant que
l’argumentation avancée par Rome est exactement la même que celle
avancée par les athées et le modernistes pour prouver que la bible n’est pas autoritaire ! Je crois que ce fait est déjà très
révélateur. Mais, sur le fond, où sont les preuves historiques de
ces décisions ? Si on affirme que c’est au Concile de Nicée que
le canon a été formé, il faut pourvoir fournir des documents
historiques qui le prouvent. Où sont les documents qui précisent
que ce concile a été réuni pour décider du canon ? Où sont les
documents qui montrent que les gens présents étaient conscients de
choisir les livres qui devaient constituer la bible ? Il n'y en a
pas. Cette idée est sans aucun fondement.
En
réalité, les conciles qui ont prononcé sur le canon dans les IVe
et Ve siècles ne sont pas des conciles œcuméniques, mais
régionaux. Et ces conciles n'ont pas choisi certains livres plutôt
que d'autres, il n’ont fait qu’affirmer ce que l’église
croyait déjà. La différence est énorme. Affirmer en quels livres
on croit, n’est pas la même chose que créer une bible. A toutes
les époques l’église a affirmé ce qu’elle croit. Nous le
faisons encore aujourd’hui. Nous écrivons des confessions de foi
pour affirmer ce que nous croyons.
D’autres
disent que c’est Athanase d'Alexandrie qui était le premier a
fondé le canon dans sa Lettre Festale (vers 360) dans laquelle il donne la
liste des 27 livres du NT. Mais même Athanase ne raisonne pas ainsi
: "maintenant je vais décider pour toute l’église quels sont
les livres de la bible parmi tous ceux qui circulent". Non, il
affirme tout simplement ce qu’il croit.
Voici l'erreur logique élémentaire que font ces perturbateurs. Ils concluent que puisque quelqu'un affirme une doctrine et que son affirmation est la première trace que nous avons de cette doctrine, alors cette doctrine a forcément commencé à ce moment-là. En logique on appelle cela affirmer le conséquent : si A, alors B. B, donc A. Si le canon avait été décidé par Athanase, ses écrits seraient la première trace que nous aurons du canon. Ils sont la première trace que nous avons du canon, donc le canon a été décidé par Athanase. Voici un autre exemple pour montrer l’absurdité de ce raisonnement. Si mon épouse n'avait jamais existé, elle ne serait pas dans cette pièce avec moi. Elle n’est pas dans cette pièce avec moi, donc elle n'a jamais existé. (Je promets qu’elle existe bien !).
Voici l'erreur logique élémentaire que font ces perturbateurs. Ils concluent que puisque quelqu'un affirme une doctrine et que son affirmation est la première trace que nous avons de cette doctrine, alors cette doctrine a forcément commencé à ce moment-là. En logique on appelle cela affirmer le conséquent : si A, alors B. B, donc A. Si le canon avait été décidé par Athanase, ses écrits seraient la première trace que nous aurons du canon. Ils sont la première trace que nous avons du canon, donc le canon a été décidé par Athanase. Voici un autre exemple pour montrer l’absurdité de ce raisonnement. Si mon épouse n'avait jamais existé, elle ne serait pas dans cette pièce avec moi. Elle n’est pas dans cette pièce avec moi, donc elle n'a jamais existé. (Je promets qu’elle existe bien !).
La
réalité est que si on demandait à Athanase d'Alexandrie; "pourquoi
avez-vous choisi Mathieu, Marc, Luc et Jean ?" Il répondrait;
"comment ça, ‘choisi’ ? Ces livres nous ont été transmis.
Ils viennent de Dieu. Nous ne les avons pas choisis, nous les avons
reçus de Dieu". Ceci est corroboré par les Pères de l’église.
Ils ne parlent jamais de livres qu’ils ont "choisis",
mais de livres qu'ils ont "reçus", non pas de livres
"sélectionnés", mais de livres "transmis".
D’ailleurs,
une des argumentations souvent avancée par les opposants à
l’autorité intrinsèque de la bible est l’exemple de Marcion.
Marcion a formé sa propre bible. Il a mutilé les 4 évangiles pour
faire un grand évangile édité de Luc. Ensuite, il a enlevé tout ce
qu'il trouvait offensant dans les écrits de Paul. Selon nos amis
Catholiques, ceci est la preuve que c'était le chaos dans l'église
primitive concernant le canon. N'importe qui faisait circuler
n'importe quoi et le présentait comme les Ecritures. Mais, je crois
que l'exemple de Marcion prouve justement le contraire. Le fait que
quasiment tous les Pères de l'église ont écrit contre Marcion
prouve justement qu'il y avait un grand consensus dans l'église sur
ce qu'était le canon. Après tout, si ce que disent les opposants à
la bible est vrai, pourquoi y-avait-il une si grande réaction
contre Marcion ? Si c'était vraiment le chaos dans l'église et n'importe qui
faisait circuler n'importe quoi comme les Ecritures, alors Marcion ne
faisait rien d'inhabituel. Les premiers chrétiens auraient tout simplement dit : "voilà
encore quelqu'un avec encore une autre opinion sur la bible. Et alors
?"
Par
contre, s'il y avait un consensus généralisé très tôt sur la
bible, c'est exactement la réaction qu'on s'attendrait à voir
contre quelqu'un qui attaquait ce canon. Le cas de Marcion donc, loin
de prouver l'état chaotique de l'église primitive concernant le
canon, prouve que puisque tant de chrétiens se sont mobilisés
contre lui, c'est bien parce qu'il enfreignait la norme acceptée de
tous, c'est-à-dire le canon de la bible. En effet, la seule
explication pour la condamnation généralisée que Marcion a
suscitée est qu’il s'opposait à une norme déjà existante et
acceptée. Pour pouvoir le condamner ainsi, l'église montre qu'elle
s'attendait à ce qu’il sache quels livres étaient inspirés.
Après tout, comment condamner quelqu'un s'il lui était impossible
de savoir quels livres étaient les Ecritures ? Comment
condamner quelqu'un pour avoir enfreint la règle, s'il n'y avait pas
de règle établie à enfreindre ?
Les
gens qui avancent cette argumentation commettent le sophisme d’une
généralisation précipitée. Ils concluent que puisque certaines
personnes n'étaient pas d'accord sur le canon, cela prouve que
personne n'était d'accord sur le canon !
iv)
C'était les successeurs des apôtres en concile qui ont décidé
quels livres étaient inspirés et quels ne l’étaient pas. Comment
accepter l’autorité des livres, sans accepter l’autorité de
ceux qui ont choisi ces livres, c’est-à-dire de l'Eglise ?
Encore
une fois, il ne suffit pas d’affirmer, il faut documenter. Où sont
les documents qui attestent que ces chrétiens se considéraient
comme "les successeurs des apôtres" ? Où sont les
documents qui attestent que ces chrétiens ont pris une décision
qu'ils considéraient comme dogme pour l'église universelle pour
toujours concernant la Parole de Dieu ? Je veux voir ces manuscrits !
Où sont-ils ? Donnez-moi leur nom.
Au
contraire, personne à cette époque ne se considérait comme le
successeur de Pierre ou de Paul. Ceux à qui certains prêtent une
telle idée (Le Pères de l’église) sont justement très prudents
dans leurs écrits de se distancier par rapport à l’autorité des
apôtres. Ils enseignent que, contrairement à eux, les apôtres
avaient une autorité unique.
Le
Catholique répondra que ces décisions ont été prises à Hippone,
à Carthage et à Rome (en 382). Mais, encore une fois, il ne suffit
pas de l'affirmer, il faut le documenter. Donc, je repose la
question; où est la preuve que les conciles d’Hippone, de Carthage
et de Rome se considéraient comme des conciles apostoliques ? Où
est la preuve que ces gens se voyaient comme des successeurs des
apôtres, ayant autant d’autorité sur l’église universelle que
Pierre et Paul ? Ces affirmations n’ont aucun fondement historique.
Ce sont de conciles régionaux, tout simplement. Affirmer que ces
chrétiens se considéraient comme "les successeurs des apôtres"
créant des dogmes contraignants pour toute l’église et pour
toujours est une lecture tellement anachronique de l’histoire de
l’église qu’elle frôle le révisionnisme ecclésiastique.
Pour
nous Protestants, le consensus de l‘église sur les 27 livres du NT
n’est pas sans importance. Il joue un rôle dans notre acceptation
de ces mêmes livres. Mais, cela ne veut pas dire que nous croyons
que l’église ait constitué le canon. Cela ne veut pas dire qu’il nous serait
impossible de savoir que ces livres sont le canon sans l’église.
Le Protestant voit le rôle de l’église comme un thermomètre. Le
thermomètre rend compte de la température ambiante. La température
est ce qu’elle est et le thermomètre réagit en conséquence. De
même, nous reconnaissons le canon pour ce qu’elle est – la
Parole de Dieu. Par contre, le Catholique voit le rôle de l’église
non pas comme un thermomètre, mais comme un thermostat. Le
thermostat détermine la température. Pour le Catholique l’église
détermine le canon. Pour le Protestant, elle en rend compte. Pour le
Protestant, donc, l’église joue un rôle important, mais n’a pas
autorité sur la bible. La Parole de Dieu a une autorité
intrinsèque. Elle s’authentifie seule. Dieu n’a pas besoin
d’hommes pour valider sa Parole, pour l’approuver avec son cachet
: "La Parole de Dieu – approuvée pour votre usage par les
hommes". L’idée est absurde. Sa Parole est écrite dans les
cieux pour l’éternité. L’homme est une vapeur
éphémère.
Conclusion
Ceux
qui utilisent les argumentations ci-dessus ont un seul objectif :
faire croire qu’au début de l’ère chrétienne c’était le
chaos dans l’église; qu’il n’y avait aucun consensus sur le
canon du NT; que personne n’était d’accord sur l’identité des
livres canoniques et apocryphes; et que c’est seulement lorsqu’un
concile de l’église est venu mettre de l’ordre là-dedans qu’il
y a eu unité. Leur but est de nuire à l’autorité de la bible.
J'ai
montré les très nombreuses argumentations fallacieuses dans leurs argumentations. A travers les exemples des premiers codex, de Marcion et
des documents datant des premiers conciles, j'ai aussi montré que la
réalité était toute autre. Il y avait un grand consensus sur le
canon très tôt dans l’église, bien avant les conciles du IVe
siècle. En démontrant qu’il y avait un consensus dans l’église
sur les 4 évangiles des siècles avant les conciles, j'ai prouvé en
même temps que les chrétiens pouvaient savoir quels livres étaient
de Dieu sans recours à un concile officiel. Donc, s’il y avait ce
niveau d’unité sur le canon avant l’existence d’une papauté,
cela prouve que nous n’en avons pas besoin.
*Je
suis endetté envers B B Warfield et Dr Kruger pour cette étude.